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Je m’excuse d’être pessimiste. Voir fataliste. Mais contrairement à pratiquement tous, je ne suis pas emballé par Copenhague 2009. Je suis sceptique. Je doute de la volonté de l’humanité de freiner son évolution et à limiter son pillage de notre mère nourrice. Pourtant, j’ai grandi dans l’univers altermondialiste. Jusqu’à ce que je réalise finalement que le nouvel ordre mondial est la démocratie triomphante à l’Américaine. Soit la voix de la majorité stupide. Celle dont les choix sont irréfléchis, sans aucune logique apparente, sauf le fait de « vivre pleinement sa vie ». Sans se soucier des autres.
Je m’excuse d’avoir vécu mon éveil politique autour de 1999. Alors que tous autour de moi débattent sur les émeutes de Kaya ou notre Premier ministre qui aurait du mal à décuver et à réagir promptement, mon regard est braqué ailleurs: Seattle 99. Mon adolescence a été bercé par des groupes musicaux tels que Rage Against the Machine et Mickey 3D. Mes martyrs Leonard Peltier, Mumia Abu Jamal et Satpal Ram. Mes idoles Che Guevara et le Sous Commandate Marcos. Cliché, peut-être, dans le milieu. Différent des autres de mon âge et de mon environnement immédiat surtout.
Je m’excuse d’avoir été déçu des épisodes qui se sont succédés depuis. J’ai appris à comprendre les enjeux du protocol de Kyoto en 1997. Son évolution et de son impuissance m’ont trahi. En 2007, j’ai suivi avec un regard distant la conférence à Bali, où les pays de l’Hemisphère Sud se consultent sur la question climatique. Mais nous ne sommes pas les fautifs. Ceux qui sont à blâmer et qui sont plus responsables que les autres ne regardaient même pas. Eux sont les habitants de l’Hémisphère du Nord. Ils cultivent la théorie du complot, traitant le changement climatique de « mythe » ou de « fantaisie ». Qu’en savent-ils réellement? Ils ont un climat tempéré. Et il neige chaque année. Pour l’instant.
Je m’excuse de douter de votre volonté et de votre sincérité aujourd’hui. On clame que le monde a marqué un temps d’arrêt. On se dit finalement que les scientifiques sont peut-être plus crédibles que les voix des puissantes multinationales cupides ou des politiques manipulateurs et corrompus. On se dit tellement conscient des enjeux qu’on se permet même de fixer des objectifs, alors que les autres rencontres internationales n’ont jamais débouché à un consensus. L’ambition actuelle: limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète… en 2050.
Je m’excuse, en tant qu’ancien altermondialiste, de mon pays insulaire, je rigole presque de désespoir. Aujourd’hui, je suis de ceux qui pensent que les dégâts sont irréparables: nous avons franchi le point de non-retour. Et ce n’est pas en transformant les émissions de carbones en commodités que l’on peut négocier entre nations que cela va changer quelque chose. Pour moi, la majorité stupide l’emporte. Mais ce n’est pas grave, la terre nous survivra. Elle a déjà survécu aux chutes de météorites, à l’ère glacière et à d’autres phénomènes que les géologues ont du mal à décrypter.
Je m’excuse, mais vos enfants ne survivront pas 2050, avec ou sans 2 degrés de différence dans la température. Et ce n’est pas Copenhague qui vous sauvera. On vous a prévenu depuis les années 90.