Interview - Valentin Debise

Publié le 07 janvier 2010 par Supra
Valentin Debise : " La moto ? Un hasard "




Des débuts sur un terrain vague, une première course à 12 ans, une ascension fulgurante, un titre de champion de France de SBK 125 et désormais des courses en Grands Prix. Valentin Debise, où la preuve que quand l'on veut, on peut. Pas du tout destiné à faire de la moto, ce jeune homme de 17 ans s'est accroché et a franchi un nombre impressionnant de palliers en un temps record. S'il lui reste bien évidemment du chemin à parcourir avant de pouvoir prétendre à une place parmi les grands de la moto, Valentin est néanmoins promis à un avenir brillant. Entretien avec un talent à l'état brut.

Quentin Moynet : Comment es-tu arrivé dans le monde de la moto ?

Valentin Debise : Mes parents ne pratiquent aucun sport. J’y suis donc venu par hasard. Avec un ami, on faisait des courses de vélo dans la rue. Un jour, il est venu avec une moto et on s’est a continué à faire des courses sur des terrains vagues mais cette fois en moto.

 

 

Q.M : Quand as-tu commencé les vraies courses ?

 

V.D : J’ai fait ma première course en 50 à l’âge de 12 ans. Au début, je devais simplement faire une course puis vendre la moto et tout arrêter. Mais comme j’ai fait une très bonne course, mon père m’a laissé en faire une deuxième, puis une troisième, etc…

Q.M : Tes parents ne voulaient pas te laisser faire de la moto ?

 

V.D : Ils ne font pas de sport et, c’est vrai, au début, ils n’étaient pas très chauds pour me laisser faire de la compétition.

Q.M : Comment tout s'est ensuite enchaîné après ta première course ?

 

V.D : Je dois l’avouer, après mes premières courses encourageantes, j’ai très mal roulé pendant quelques temps. Je ne me suis pas découragé, j’ai progressé pour gagner quelques places au fur et à mesure. Je sentais que j’étais capable de devenir vraiment bon et je ne voulais pas abandonner.

Q.M : Ton apprentissage s’est bien passé ?

 

V.D : Pour le moment, depuis que j’ai commencé la moto, je n’ai pas eu de mauvaises surprises. Toutes les équipes dans lesquelles je suis passé m’ont énormément fait progresser. Je pense que c’est cette année, en 250 avec le CIP et Alain Bronec que j’ai le plus appris.


Q.M : Que représente ton titre de Champion de France 2008 de SBK 125 ?

 

V.D : C’était une grande émotion et une belle récompense après une dure année de travail. Mais finalement, en dehors de l’arrivée de quelques sponsors, cela ne m’a pas ouvert beaucoup de portes.

Q.M : Tu es professionnel ? Tu poursuis tes études ?

V.D : Oui, la moto est désormais mon travail. Pour le moment, je n’ai pas du tout de quoi en vivre, mais je n’ai que 17 ans, je vis chez mes parents donc je n’ai pas à me plaindre.

Q.M : Tu poursuis tes études ?

V.D : Non, j’ai malheureusement dû arrêter mes études pour cause de manque de temps l’année dernière. J’étudiais la vente, mais au vu du nombre de courses que j’ai dans l’année, c’était impossible de suivre correctement les cours. Je me levais souvent à 5h du matin pour aller courir et ne pas arriver en retard en cours. C’était vraiment difficile. J’ai été obligé de faire un choix, et j’ai choisi la moto.

Q.M : Tu étais durant plusieurs mois au sein de la RedBull Moto GP Academy. Une belle expérience ?

 

V.D : C’était génial. Ils m’ont beaucoup appris pour gérer les avants courses, les moments de tension, etc. En revanche, personne ne parlait français dans l’équipe et je n’avais que 14 ans donc mon niveau d’anglais était assez faible. C’était plutôt difficile de bien communiquer, notamment pour les réglages à faire sur la moto, mais je ne retiens que du positif de cette expérience.

Q.M : Pourquoi être allé au CEV, championnat d’Espagne ?

V.D : Tout simplement pour le niveau qu’il y a dans ce championnat. De plus, les team des Grands Prix regardent beaucoup les pilotes venant du CEV. C’était donc intéressant d’y aller.

Q.M : As-tu le sentiment d’avoir acquis une certaine notoriété ?

 

V.D : Dans le monde de la moto, je commence effectivement à avoir une certaine notoriété, que ce soit en France ou à l’étranger. Par contre, en dehors, peu de gens me reconnaissent.

Q.M : Que retiens-tu de ton année 2009 ?

 

V.D : Les Grands Prix : ils m’ont permis de juger mon niveau par rapport aux meilleurs pilotes de la planète avec une moto un peu moins performante que celles des meilleurs, mais avec un très bon team. C’était vraiment une expérience de folie. Je voyageais dans le monde entier et je disputais des courses dans un championnat très relevé avec des pilotes de renoms.

Q.M : Une réaction sur ton classement actuel en 250 cc (21ème) ?

V.D : Je suis très content de ce résultat. Pour mes débuts en championnat du monde, je ne pensais pas être si bien classé et avoir marqué autant de points. 

Q.M : Qu’envisages-tu pour 2010 et pour le reste de la longue carrière qui t’attend ?

 

V.D : J’ai signé avec un team italien WTR en moto 2, nouvelle catégorie qui remplace la 250. Je n’ai pas d’objectifs précis, mais finir dans les dix premiers serait une grosse réussite. Je pense que je pourrais être plus précis sur mes réels objectifs après les premières séances avec la moto début février. J’ai signé un ans avec ce team, je vais voir comment ça se passe, course par course. Mon manager s’occupera de me trouver une place vers le milieu de saison pour 2011.

Q.M : Quelles sont tes qualités principales ? Et tes défauts ? Ou les domaines dans lesquelles tu dois progresser ?

 

V.D : Je suis très calme et je donne le maximum pour atteindre mes objectifs. En revanche, je suis un peu têtu. Sinon, je n’aime pas trop parler de moi. Vous pourrez me découvrir en regardant mes courses !

Q.M : Il y a 2 autres français dans ta catégorie, Mike Di Meglio et Jules Cluzel. Quels sont tes rapports avec eux ?

V.D : Je ne connais pas trop Jules Cluzel. Je parle en revanche souvent avec Mike. Il m’aide pas mal en me donnant des petits conseils. En plus, il y a de ça deux ans, on s’est entraîné ensemble sur Albi pendant deux ans. Cela nous a rapproché.

 

 

Q.M : Te crois-tu capable de monter en Moto GP et suivre ainsi, par exemple, la voie de De Puniet ?

V.D : On verra de quoi je suis capable cette année en moto 2. Si je continue à bien progresser, à réaliser de bonnes performances, je peux avoir ma place en Moto GP dans les années à venir, mais c’est trop tôt pour parler de ça.