Les deux Marseillaises n'ont pas eu le temps de rechercher leurs documents. Prises dans le flot de leurs propres vies, elles ignorent à quel point je brûle d'en savoir davantage sur la vie de Marie Rivière. Elles n'ont pas peur de la fuite du temps, vaquant à leurs occupations quotidiennes sans s'inquiéter du lendemain. Elles ont appris à vivre sans futur.
Je ne peux pas les presser, comme je l'avais fait avec la femme au portrait. Je ne peux pas leur avouer que, pour moi, le futur a pris une dimension terrifiante. Je suis obligée de les attendre, elles qui savent désormais vivre un jour après l'autre, sereinement, sans angoisse, elles qui savent que rien n'est jamais vraiment important, elles qui ont déjà connu la douleur, bien avant moi.
- La Maison du général / Dieupentale