Merci à Julie pour l'illustration
Dargaud est vraiment un drôle d'éditeur des Peanuts de Charles M. SCHULZ. D'abord parce qu'il participe à faire connaître l'œuvre sous le titre "Snoopy", alors qu'elle s'appelle bel et bien Peanuts. Ensuite parce son boulot sur tel ou tel volume laisse parfois un peu suspicieux, c'est le moins que je puisse dire.
Je m'explique. Ce tome intitulé Snoopy et le Baron rouge a été publié dans une collection aujourd'hui disparue chez Dargaud : la collection 16/22, qui indique les mensurations du livre comme la collection de poche 10/18 bien connue. Dans cette collection, des titres très variés, et pas particulièrement de prédominance de Charles M. Schulz. Le format est agréable dans les mains. Cela fait un volume fin et les pages offrent un espace relativement large pour les quatre cases habituelles. Pas de quoi s'esquinter les yeux comme par exemple cela peut être le cas avec la collection Rivages poche. Pour finir, le titre "Snoopy" sur la première de couverture reprend la même police que les tomes parus chez Dargaud à une époque plus récente. Visuellement, ça n'est pas trop mal réussi, donc.
Alors qu'est-ce que je reproche à ce Snoopy et le Baron rouge, hein ? Je vais vous le dire.
D'abord et avant tout, ce qui me surprend c'est que je n'ai jamais lu de compilation des Peanuts qui soit aussi bien recentrée autour du thème annoncé. J'avais lu et critiqué, par exemple, l'esprit de compilation très peu pertinent des Amours des Peanuts chez Rivages. Ici, c'est incroyable à quel point tout le volume tourne véritablement autour du Baron rouge. Or je n'inscris pas cela comme une qualité. Bizarre, non ?
Je m'explique (encore). Le Baron rouge est cet ennemi que Snoopy s'invente lorsque lui-même se prend pour « l'As de la Première Guerre mondiale ». C'est souvent drôle. A condition qu'il n'y en ait pas vingt pages d'affilée... Ici, soixante-dix huit pages exactement. Sans sortir un instant du sujet. Ce volume repose donc entièrement sur l'erreur de casting qui a fait croire aux Français (ce ne sont pas les seuls, rassurez-vous) que le héros de Schulz s'appelait Snoopy. Or le héros de Schulz s'appelle Charlie Brown. Le principal intérêt que je vois dans les Peanuts est que les enfants, Charlie Brown en tête, ont des pensées d'adultes. Il y a du Charles dans la tête de Charlie, vous me suivez ? Et Snoopy... eh bien Snoopy et Woodstock sont très mignons, mais ils sont là pour faire croire que les Peanuts sont "rien que pour les enfants".
Bref, Snoopy et le Baron rouge conforte une vision superficielle de l'œuvre de Schulz. Les héros habituels que sont Charlie Brown, Lucy, Linus, Patty, Schroeder, n'ont ici aucun place. Le traducteur confond même par deux fois Lucy et Patty ! ! C'est dire à quel point cette publication prend les enfants de Schulz pour des cacahuètes, préférant mettre en avant les animaux, façon Walt Disney.
Alors les gags sont légers, sans plus. Ils se digèrent très (trop) bien. Ils sont, pour tout dire, souvent inconsistants. Je préfère même passer sur la qualité du dessin, qui est très inégale. Woodstock ressemble à un poulet. Le trait de Schulz, et son trait d'humour aussi, m'ont paru difficiles à reconnaître sur plusieurs planches consécutives, comme si de petites mains avaient pris le relais...
Ça faisait bien longtemps que les Peanuts ne m'avaient pas laissé aussi indifférent. Dargaud, je ne te félicite pas !
78 pages, coll. 16/22 chez Dargaud - 4,99 € en occasion