Voilà un français, un lyonnais, qui
eut un destin remarquable en Inde ! A 16 ans il s’embarque pour l’Inde rêvant de destin et de fortune.
Il sera d’abord officier servant la France puis l’Angleterre. Mais il sera aussi homme d’affaires, architecte. Claude Martin s’enrichira en Inde et se fera construire un palais à Lucknow.
Par testament il destinera une grande partie de sa fortune à la création de 5 écoles qui existent toujours en Inde et à Lyon.
Né à Lyon le 4 janvier 1735, ce fils de maître vinaigrier et fabricant de tonneaux de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Saturnin, orphelin de mère à moins d’un an, va connaître une destinée peu
ordinaire. Ayant appris à lire et à écrire à l’école de la paroisse, il devient apprenti en 1749 chez un chef d’atelier en soierie. On sait qu’à l’école paroissiale il excellait en maths et en
physique.
En 1751 il s’enrôle dans la Compagnie française des Indes orientales et s'embarque le 9 décembre à Lorient à destination de Pondichéry où il arrive le 20 juillet 1752. Au moment de son départ, sa belle-mère tente de le retenir mais en vain. Alors elle lui lance : « Soit, mais ne reviens qu’en carrosse ! »
Il sert sous les ordres de Dupleix, puis devient membre de la garde personnelle du commandant en chef, en particulier du comte de Lally arrivé en 1758, dont la mission, en pleine Guerre de sept ans contre les Anglais, est de ramener l’ordre dans les troupes de la Compagnie. Pour cela, il utilise des méthodes brutales qui ne contribuent pas à remonter le moral des troupes.
Mais assez vite il se rend compte que le vent a tourné et considère que la France n’a plus d’avenir en Inde (nous sommes 4 ans après la révocation de Dupleix) et toujours motivé par la recherche de la fortune il passera dans le camp britannique. On peut s’interroger sur les raisons qui poussent Claude Martin à passer du côté des Anglais. Est- il révolté par la sévérité de son commandant, ce qui l’aurait poussé à déserter, mais on ne retrouve pas son nom dans les listes de déserteurs ? Est- il fait prisonnier par les Anglais ? Pense-t- il, avec raison, que la fortune ne peut être acquise du côté français qui manque de moyens et d’ambition aux Indes ? Quelle que soit la raison, Claude Martin rejoint les forces britanniques et plus particulièrement la Compagnie Française Libre composée de français ayant rallié l’ennemi héréditaire !
Il va gravir les échelons ; nommé enseigne en 1763, lieutenant l’année suivante, capitaine en 1766, major en 1779, colonel honoraire en 1793 pour terminer major général en 1795.
En 1765 il est percepteur à Lucknow. C’est là qu’il passera la plus grande partie de son séjour en Inde. Il semble avoir été muté de l’armée vers des services administratifs puisqu’en 1767 il est géomètre et fait des relevés cartographiques dans le nord de l’Inde. Il sera réintégré dans l’armée en 1769 mais continuera à relever des plans.
Martin est un homme du Siècle des Lumières et il se tient au courant des inventions qui sont produites en Europe. Il fait par exemple la première démonstration d'une montgolfière à Lucknow en 1785, moins de deux ans après le premier vol en France, ce qui est remarquable compte tenu du temps que mettaient les informations pour circuler de l'Europe vers l'Inde.
Il tombera malade en 1773 et connaîtra des problèmes de calculs dans la vessie qui
le feront souffrir toute sa vie. Claude Martin ira même jusqu’à s'opérer lui-même, avec succès, de ses calculs de la vessie, par les voies naturelles ; il écrit un papier pour décrire son
mode opératoire, papier qu'il envoie au Royal College of Surgeon de Londres mais qui n'est pas pris au sérieux car on doute qu'il ait pu faire cette opération
lui-même.
A SUIVRE