La CDEFI s'étonne à plus d'un titre du récent débat ouvert sur le taux de boursiers dans les grandes écoles. Elle rappelle en préambule, que ce taux avoisine déjà en moyenne les 26% pour les écoles d'ingénieurs. En outre, elle tient à saluer les efforts du gouvernement au cours des deux dernières années permettant d'accroitre le nombre de boursiers dans l'enseignement supérieur. De ce fait, l'objectif de 30% devrait être mécaniquement atteint dans les toutes prochaines années.
Cependant, la CDEFI considère que la question de l'ascension sociale ne peut se résumer à la part de boursiers totalisée dans les effectifs de l'enseignement supérieur. Au contraire, les écoles d'ingénieurs estiment que c'est la question de l'attractivité des formations pour les classes populaires qui doit être posée. Elles soutiennent que l'ascension sociale passe par la diversification des voies de recrutements et par une meilleure information d'un public ciblé au moyen du désenclavement des territoires.
Moins d'un élève ingénieur sur deux sort d'une classe préparatoire scientifique
Alors qu'en filigrane du débat actuel c'est le système des classes préparatoires aux grandes écoles qui est montré du doigt, la CDEFI rappelle que 45% des effectifs d'élèves ingénieurs actuellement en formation sont issus de ce système.
En effet, par souci d'améliorer la diversité sociale de leur recrutement, les écoles d'ingénieurs se sont appliquées au cours des 20 dernières années à créer de nouvelles voies de recrutement pour s'ouvrir à un public plus large. Ainsi, la majorité des élèves ingénieurs est aujourd'hui recrutée dans le cadre de cycles préparatoires intégrés (1/3 en moyenne) ou par l'intermédiaire de passerelles développées avec leurs universités via les UFR de sciences (7,2%) ou bien les IUT (11,5%).
Ces efforts permettent à nos écoles de disposer aujourd'hui d'un taux de boursiers similaire à celui observé dans les filières universitaires au même niveau d'étude.
C'est pourquoi, sans rogner sur le niveau de recrutement, les écoles d'ingénieurs soutiennent la mise en place de procédures de recrutement sélectives et spécifiques selon le public visé. L'expérience montre que diversité et sélection s'enrichissent mutuellement sans desservir la qualité de nos formations dont le taux d'insertion professionnel reste de l'ordre de 90% deux mois après l'obtention du diplôme d'ingénieurs.
Cette politique, plus que tout autre sert l'ascension sociale et explique pour une large part que les écoles d'ingénieurs aient vu leurs effectifs croitre de 41% sur les 15 dernières années, là où ceux de l'enseignement supérieur en général stagne.
L'ascension sociale passe également par le désenclavement des territoires
Toutes les études montrent que l'accès à l'information en matière d'orientation diffère selon l'implantation géographique. Si les ZEP sont régulièrement mises en avant, ce phénomène s'observe également dans les zones rurales.
Aussi, les écoles d'ingénieurs par leur implantation géographique - 80% en dehors de Paris et souvent en périphérie de la métropole régionale - jouent un rôle important en matière de désenclavement des territoires. Cela se traduit notamment par une surreprésentation des enfants d'agriculteurs dans leurs effectifs au regard du reste de l'enseignement supérieur (17,3% des effectifs).
C'est notamment pour cela que la CDEFI soutient que toute politique de site en matière d'enseignement supérieur doit naitre au plus près des territoires, pour prendre en compte les spécificités locales, notamment en termes de développement social.
En ce sens, la Conférence s'apprête à proposer au Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, dans le cadre de la mise en œuvre de la charte pour l'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence, une évolution de son action « Un Pont pour l'Avenir » dont l'objet consiste à favoriser la rencontre entre des élèves ingénieurs et des collégiens issus de ZEP et de zones rurales.