Les questions.

Les questions désirent-elles vraiment qu'on leur apporte des réponses ? J'incline à en douter : la réponse est toujours la mort de la question.
Personnellement, je le confesse, j'ai toujours trouvé aux questions une telle élégance, un tel charme, un tel pouvoir de nous fasciner, de nous attirer vers elles par leur immense potentiel d'ouverture, par leur façon de jouer en quelque sorte, avec nous, à cache-cache ou au jeu du chat et de la souris avec un petit air malicieux qui n'appartient qu'à elles que j'ai toujours, en comparaison, trouvé les réponses ternes, et plates.
La question, c'est la tension du mystère, la tension vers le mystère.
L'élégance spirale de la ponctuation qui la flanque, la clôt, en témoigne.
Une autre chose aussi : la question renaît toujours de ses cendres. Même les mauvaises herbes se laissent plus facilement éradiquer que les questions.
Qui sait si l'univers, à ce compte, ne  serait pas une galerie de questions qui, tout en se regardant en
miroir , s'étendraient à perte de vue ?
Quoiqu'il en soit, je crois que ce que j'aime, en les questions, c'est leur vertige. Elles agissent comme de la terre qui s'ouvrirait sous vos pieds.
Tout peut être retourné en question, motif à question.
Manifestation abstraite, trouble-fête, de la Maya du monde ?


S'il n'est jamais de réponse qui ne soit, au préalable, précédée d'une question, il existe en revanche bien des questions qui demeurent sans réponse.


Et si toute question portait toujours en elle-même le germe de sa propre réponse ?


Il n'est qu'une solution pour avoir la réponse : bien regarder la question. La regarder sous toutes les coutures; jusques en son coeur même  .



Patricia Laranco.