Le vent du boulet n’est pas passé bien loin. Un simple “rappel à la loi” évite les tourments d’un procès mais lave moins blanc qu’un jugement, compte tenu de l’extrême porosité entre le parquet et le pouvoir politique. Dans un sens comme dans l’autre la procédure d’enquête hors normes tout comme le coup de baguette magique d’effacement des soupçons laissent dubitatif.
Seule certitude, les bidouilles financières de Juju, ont durablement altéré son image. Comment en effet vouloir incarner l’aile gauche du PS et en même temps avoir un goût ostensible pour le luxe et l’argent ? “Cet argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes“ comme l’avait écrit François Mitterrand en 1971. Julien Dray apporte une réponse qui témoigne d’un dialogue de sourds.
De fait au fil des ans Julien Dray s’est parfaitement coulé dans le costume du politique, pas forcément au sens le plus noble du terme. Dray, c’est l’homme des bons et des mauvais coups, celui qui va tirer les ficelles de structures satellites SOS Racisme, la Fidl. Celui qui va repérer et faire émerger les futurs apparatchiks théoriquement redevables à leur mentor. C’est bien là, tout le problème de Julien Dray. Ne pas apparaître comme le porteur d’une ligne idéologique mais, comme celui d’un directeur d’une école des cadres qui enseigne plus la prise des pouvoirs que la réflexion et l’avancée politique dans la vie courante des citoyens.
Ses dernières attaques témoignent d’une rancœur à l’égard de redevables amnésiques. A l’exemple de sa tirade vidéo (cf vidéo 2) à l’encontre d’Harlem Désir qu’il accuse de s’être retourné contre lui parce qu’il n’avait pas obtenu le poste de secrétaire national à l’Europe qu’il espérait. “Maintenant, il est devenu porte-flingue de Bertrand Delanoë, tu parles d’une trajectoire”. (…) Il s’est enfermé dans un rôle d’apparatchik”, accuse le député de l’Essonne incapable de voir qu’il en est lui-même une caricature notamment quand il se comporte en propriétaire d’un territoire, l’Essone, et des mandats qui vont avec.
Par presse interposée “ses amis” lui répondent. C’est ici et là .
Sur France inter (cf vidéo 1), Julien Dray dit vouloir en “rester là” et ne pas devenir “le tonton flingueur du PS“. Sur les origines de son affaire, il estime qu’il s’agit d’une dénonciation à la brigade financière venant de son propre camp à l’été 2008. Christophe Ginisty sur son blog avance qu’il s’agit de Malek Boutih : “Le candidat initialement envisagé pour le secrétariat d’État chargé de la politique de la Ville était un autre socialiste issu de la diversité, Malek Boutih. C’est Julien Dray qui a suggéré à son ami Sarkozy que ce n’était pas forcément un très bon choix et qu’il serait plus judicieux de choisir Fadela Amara“.
A sa décharge, Julien Dray est un affectif, tout comme Nicolas Sarkozy. Les deux hommes s’apprécient. Conséquence peut être d’une amitié improbable née de la fonction de chargé de la sécurité confiée par le PS à Julien Dray sur la période 1997-2003. Autre point commun avec le chef de l’Etat un réel nombrilisme et une place omniprésente de l’affect.
Julien Dray a besoin qu’on lui dise qu’on l’aime et qu’on reconnaisse sa valeur. L’homme de l’Essonne a toujours en travers de la gorge le refus de Lionel Jospin d’en faire un ministre tout comme plus récemment, le silence assourdissant de Martine Aubry pendant son lynchage médiatique. Un camouflet réitéré avec une absence de suite donnée à sa demande d’entretien après la décision du parquet.
Le 18 décembre, au lendemain de la décision de la justice de ne pas le renvoyer en correctionnelle, Julien Dray déclarait vouloir reprendre sa place au Parti socialiste (PS). Son problème, c’est que personne ne la lui a gardé. Le temps des Potes est bien fini. Celui d’un rapprochement avec Robert Hue se dessine.