Il y eut un avant. Il y aura un après. Plus sinistre encore. Lynn est enterrée, quand Colline met le feu aux millions de francs gagnés durant son éphémère carrière. Pour être heureuse, elle doit se départir de cette encombrante beauté, parvenir à se défigurer pour ne plus être qu’une âme réclamant d’être aimée comme telle. Les yeux de l’homme qui la gagneront verront au travers de la chair. Et pour l’aider, voilà qu’elle grossit, démesurément, et pèse bientôt plus de 110 kg. Pour les cheveux et les yeux, une décoloration hideuse et des lentilles. Pour le visage, une balafre au couteau qui part de la lèvre au menton. Le sourire ? Passer ses dents au solvant : effet jauni et chicots garantis…
Bon, d’abord, âmes sensibles, s’abstenir. Si le roman de Julie passe à peu près les détails les plus… ‘chirurgicaux’ des actes purificatoires menés par Colline, l’imaginaire, lui, galope à peu près à toute vitesse. Et l’on se représente facilement les pires scènes de castration effectuées manu militari sur des garçons enlevés de 12 à 14 ans… Eh oui, avant la puberté, sinon, ils sont perdus.
Enfin, il faudra endurer la folie de Colline, ses prises de sachets hyperprotéinés et ses vomissements, son physique qui empire, son apparence pachydermique repoussante et malsaine… Tout pour faire d’elle un véritable monstre. Pire : l’une de ces créatures de foire que l’on exhibe en clou de spectacle et qui surpasse Elephant Man… Ajoutons la délirante quête d’un préado qu’elle recherche pour le purifier à sa sauce, c’est-à-dire, le castrer et l’on plonge dans le grand chaos schizoïde et les bouchées (sic !) délirantes !
Très honnêtement, même si je confesse une propension à me délecter de livres hors norme et même obsessif, comme il s’en trouve avec Cadence de Stpéhane Velut, Anges passe les bornes avec allégresse et vous renvoie dans le fin fond de votre canapé. On se prend à se planquer derrière les coussins, en regardant le livre fermé, anxieux de savoir s’il ne va pas vous sauter à la gorge, ou s’il ne nous a pas déjà contaminés…
Un premier roman à prendre avec des pincettes, pour amateur de cette folie ordinaire, si proche du réel qu’il ressemblerait à un sordide, mais simple fait divers.