Al –nabigha-al-dhoubyani

Par Feuilly

De ses longs cheveux se voilant…

 

Le voile a glissé sans qu’elle voulût

Le voir tomber.

D’une main le saisit et de l’autre

Nous fit signe

D’avoir à craindre Dieu, en réprimant

Notre curiosité avide.

 

Une main aux doigts teints,

Souple, aux extrémités déliées

Comme fruits de l’anam

Qui semblent ne pouvoir

se nouer, tant est grande

leur délicatesse.

 

Puis, de ses longs cheveux noirs

à demi bouclés se couvrant,

elle se ploya comme la vigne s’appuie

sur l’étançon qui la soutient.

 

Enfin elle te regarda comme

Pour te rappeler que, malgré sa prière,

Tu aurais pu obtenir

Ce que tu n’as pas essayé de prendre…

Lourd regard d’attente qu’un malade

Adresse à ceux qui le visitent.

AL –NABIGHA-AL-DHOUBYANI (vers 604 de l'ère chrétienne)

Ce poète fréquenta tour à tour les rois arabes qui gardaient les frontières de l’Empire perse ou byzantin et fut très renommé de son vivant. Texte trouvé dans "La poésie arabe", anthologie traduite et présentée par René Khawam, Phébus, Libretto, pages 61 et 62.

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