Il n’y a aucune limite à la rage taxatoire du gouvernement. En 2010 comme en 2009, aux sodomies fiscales s’ajoutera une pluie continue de taxes plus stupides les unes que les autres. Mais alors qu’on pensait avoir atteint des sommets de ridicule politique avec HADOPI ou la Taxe Carbone, et alors que nous ne sommes qu’en 1ère semaine de janvier, se profile une nouvelle taxe ahurissante : la taxe sur les liens HTML sponsorisés et les bannières internet.
Oui.
Vous avez bien lu.
Le ministre de la Culture compulse actuellement le passionnant rapport de la Mission Zelnik qui plaide pour l’instauration d’une taxe sur tous les liens et bannières de publicité sur Internet.
Déjà, on ne peut que sourire.
Mission Zelnik, cela nous a un petit quelque chose de technoïde, de spatial ou même de décidément fusée atomique des années 60, vous ne trouvez pas ? Et on sent vraiment que les membres de cette mission ont longuement réfléchi à leur rapport : il y a eu de la sueur, il y a eu de l’action, il y a eu des explosions, des pifs, des pafs, des vaisseaux spatiaux qui s’affrontent et de la tôle froissée pour arriver à un truc pareil, c’est sûr !
Mais quand on regarde un peu en détail, on se rend compte que l’aspect rigolo du nom cache encore une de ces sinistres manoeuvres pour filouter de l’argent de ceux qui en gagnent vers ceux qui en dépensent n’importe comment.
Au passage, à la tête de cette mission d’importance, on retrouve un certain Toubon, celui-là même qui aura donné un petit aspect ridicule aux slogans publicitaires en France avec leur astérisque de traduction (eh oui : la loi Toubon obligeant la langue française même dans les slogans, c’est lui !)
Nous sommes donc en de bonnes mains : on sent qu’on va avoir là matière à lourdes réflexions.
En gros, il s’agit donc de ponctionner les plus grosses régies publicitaires (Yahoo, Google et Microsoft, pour ne pas les nommer) histoire d’aider – encore ! encore ! encore ! – ces p*t*ns de majors de la musique et du cinéma qui n’en peuvent plus de mourir à petit feu sous les coups de boutoirs du piratage numérique, comme par exemple la chute de la fréquentation des salles de cinéma en attesteeeeeuuh ah tiens non en fait, la fréquentation des cinémas en 2009 bat des records zut et zut et crotte. La musique peut-être ? Et flûte, même si les ventes de CD s’effondrent, les ventes en ligne explosent.
Hmh. En clair, par une bonne grosse taxe bien baveuse, on va aider une industrie qui se porte bien.
Il s’agit en fait et encore une fois d’un énorme Moquage de Visage comme le gouvernement nous y a habitué depuis deux ans maintenant, et depuis trente pour les politocards qui grouillent dans le pays.
Mais le ridicule va plus loin quand on réfléchit deux minutes à l’impact de cette taxe.
Les industriels, touchés par cette nouvelle ponction, vont donc devoir soit compenser en vendant plus (dans un marché en pleine crise, c’est un pari risqué), soit diminuer les rétributions publicitaires et / ou les bénéfices des actionnaires et / ou les coûts de production (salaires, par exemple).
Ça fleure bon le projet d’avenir, hein ?
D’autre part, combien de petits sous-sous trébuchants tout ceci va-t-il rapporter ? Parce que bon, on parle – snif snif – pour l’industrie musicale (et malgré l’envolée des ventes dématérialisées) de pertes de 750 millions d’euros, snif snif. La taxe arrivera-t-elle à rapporter cette coquette somme ?
Sérieusement ?
Le marché de la pub sur internet, en France, au total, s’établit autour de … 1.8 milliards d’euros. Pour récolter 750 millions, ça fait une taxe à plus de 40% ce qui est évidemment ridiculement élevé et fera fuir l’investissement ; et moins de pub, c’est moins de ventes (notamment de CD de musique pourrite – comme celle de Christophe Maé, je dis ça totalement par hasard -).
Autrement dit, on n’est pas prêt de compenser les pertes des uns en assommant les autres.
Rien de nouveau sous le soleil, donc : la taxe ne résoudra pas le problème, va encore créer de nombreux tracas supplémentaires, du papier législatif indigeste de plus, et enquiquiner tout le monde.
D’autant qu’à celle-ci s’ajoutera le plaisant recalcul des TVA (à 19.6% et à 5.5%) sur les abonnements internet pour les FAI, avec tout ce qu’on peut supposer de jonglerie administrative : « la commission préconise de réduire à 40 % ou 45 % contre 50 % actuellement la part d’un abonnement triple pay bénéficiant de la TVA réduite à 5,5 %. Mais sans que cette mesure ne vienne diminuer la contribution des FAI au compte de soutien du CNC ».
Tout ceci – rassurez-vous et soyez-en sûrs – ne coûtera rien aux consommateurs, voyons voyons, vous devriez avoir compris, après quelques années d’Economie Socialiste de Droite, que :
- les taxes augmentent.
- les producteurs se débrouillent pour camoufler cette hausse.
- les consommateurs ne payent pas plus d’impôts, mais achètent des petites burettes de vaselines.
- les produits sont de moins en moins cher. Puisque l’INSEE vous le dit. Enfin.
- l’état récupère de plus en plus d’argent, ça tombe bien, son budget augmente toujours.
- il aide tout le monde, surtout ceux qui ne sont pas trop nombreux, et fabrique de la dette. Frénétiquement.
- les impôts n’augmentent pas. Détendez-vous. Ils n’augmentent pas. Chut.
C’est comme ça. C’est de la logique multi-niveaux. C’est un peu comme tenter de faire revenir les expatriés fiscaux en leur promettant le bâton et le fouet. Il faut avoir fait l’ENA pour comprendre. Circulez.
Normalement, ce 7 janvier, Sarkozy devrait donner son avis sur cette proposition. On se doute qu’il sera très pour.
Je lui souhaite une bonne migraine, tiens.