Sms

Par Krri

de Laurent Bénégui

C'était le jour de la tempête. La maison était inondée. Nathalie ne voulait plus faire l'amour. La banquière a appelé, hystérique pour un trou de 200 000 euros et l'école m'a prévenu que Milo avait une otite. Je suis allé le chercher. Au retour, je le portais dans les bras quand mon téléphone a sonné. Je me suis abrité pour décrocher. J'ai reçu un grand coup sur la tête. Milo a hurlé. Je me suis défendu comme j'ai pu, mais les deux types m'ont arraché mon portable. Alors j'ai lâché mon fils. Et je me suis lancé à la poursuite des voleurs.

Tout le monde vous le dit. Il ne faut jamais réagir comme ça. Mais il y avait cette fuite dans mon toit. L'entrepreneur qui n'arrivait pas. Les trafics de mon comptable. Et ce SMS, qui enjoignait ma femme de quitter son con de mari. J'ai pensé, sans portable je suis cuit. J'étais sur les talons du jeune à capuche. J'ai tourné dans la première rue. J'avais tellement la rage que j'aurai survolé une finale olympique. J'allais le rattraper quand il a traversé. Je l'ai suivi. Il y a eu un crissement de pneus... Je me suis jeté en arrière. La grosse Audi a dérapé sur la chaussée détrempée et m'a renversé. Le conducteur a jailli, furieux. J'avais abîmé son capot. J'ai essayé de parlementer. J'ai pris une décharge de Taser. Deux fois cinquante mille volts sous la pluie. J'étais allongé dans le caniveau, tétanisé quand m'est venu à l'esprit que j'avais abandonné mon fils de 4 ans, seul, dans une ville peuplée de fous et traversée d'éclairs.

A cet instant précis, j'étais persuadé avoir touché le fond. Mais honnêtement, si j'avais su comment allait se dérouler la suite de la semaine, j'aurai pris ça pour un échantillon du bonheur.

Editions JULLIARD

Laurent Bénégui enrobe, une fois de plus, intrigues, suspens et catastrophes avec suffisamment d'humour, d'émotion et de réflexion pour conseiller son roman aux lecteurs les plus défaitistes     Le Berry Républicain

Un " After hours" avec "La mort aux trousses"... comédie paranoïaque ou drame décalé. Passionnant et pittoresque. Un roman (...) qui fait écho à notre réalité avec un sens de la dérision salutaire.     Ecran noir.fr