Tradition antique s'inscrivant dans la mondialisation, les vœux du nouvel an invoquent un sort heureux pour nos proches, notre famille, nos amis, nos commensaux. Il faut marquer l'an neuf d'une pierre blanche, pierre de vie et de providence, pierre du sacrifice fait aux Tisseuses du destin, afin d'écarter ou de retarder le sort funeste et in fine la mort.
Ainsi, dans un monde désenchanté, où le corps est le fondement atomique de la collectivité, la survie physique est notre seul horizon, et le souhait de bonne santé la base sans laquelle rien n'est possible. Pour autant, une fois ce vœu exaucé, et certes c'est déjà beaucoup, voire infiniment à l'heure du trépas, qu'avons-nous fait de notre santé conservée l'an passé, où l'on nous avait souhaité déjà "et surtout, une bonne santé !" ?
La tabula rasa symbolique du premier janvier entrouve dans la relation aux autres et au cosmos la porte de l'espoir d'un renouveau
Derrière le masque du désir de changement, c'est une restauration que nous appelons de vos vœux. Santé, travail, argent, amours, toujours l'inquiétude de perdre se mêle à l'espoir de retrouver. Qu'ils soient conservateurs ou rénovateurs, nos vœux témoignent de notre nostalgie de l'origine. Origine personnelle et origine du monde. C'est l'âge d'or qui est évoqué au temps des étrennes. Et l'épiphanie vient à point pour nous relier aux rois mages, à l'étoile reine du ciel, à la fève d'or trouvée dans le gâteau, trésor d'éternité caché dans le bonheur terrestre. Trouver le "petit jésus" dans la frangipane pour couronner son Alter-égo de polarité opposée, voilà un programme digne d'intérêt. J'y vois le mode d'emploi pour quitter la roue du temps, la roue de fortune, celle du Samsara : du point de vue du soleil, le cycle ne se résorbe-t-il pas en un point central ?