Le dessineur Laurent Fels alias Ange, je l’ai capté je ne sais plus trop comment sur Facebook il y a quelques temps…Son univers est à la fois kawaï et un peu trash…J’avais envie de vous le faire découvrir à travers une petite interview sympatoche.
Peux tu nous décrire rapidement ton parcours avant de devenir artiste ?
A vrai dire je m’orientais vers la littérature, j’ai fait des études de lettres jusqu’en thèse de doctorat, j’ai été prof, mais j’ai toujours eu dans l’esprit la nécessité de m’exprimer (notamment mon désespoir), sachant que je dessine depuis tout petit… Donc parallèlement à mes études je publiais des BD dans des fanzines, surtout aux Etats-Unis un pays bien moins frileux que le notre, et un jour en poussant la porte d’Arte pour essayer de devenir rédacteur, le directeur artistique m’a proposé de faire des dessins animés pour les interprogrammes, en voyant mon travail en matière de BD, et c’est comme ça que j’ai découvert que mes dessins valaient des sous. Ensuite j’ai dessiné bon nombre de fanzines de mangas que je propose dans des conventions, et un jour j’étais un peu frustré de ne pas avoir plus de public, à galérer comme illustrateur indépendant inconnu, j’ai donc commencé à utiliser les stickers et le graffiti pour imposer mes dessins et mes lettrages dans la rue, à des passants innocents.
Quel rapport entre la littérature et le graffiti ?
Tout ce que je peux dire c’est que ce serait de la poésie limite lettriste, un mot, un blaze qui saute au visage et interpelle le lecteur… Mais ce serait idéaliser le truc, en fait je pense que ce sont deux mondes très différents. Je suis passé de l’un à l’autre car j’aime découvrir de nouvelles techniques, utiliser de nouveaux outils, quand tu découvres l’aquarelle par exemple ça change ta façon de peindre et de concevoir ce que tu exprimes, eh ben les bombes m’ont parues intéressantes dans cette optique, pour une fois je m’exprimais comme un mégalomane en faisant des fresques dehors en plein hiver, et pas prostré chez moi sur une feuille A4. Là j’ai un dermographe et je vais bientôt commencer à tatouer, mais il faut que je commence sur moi-même, je serai victime de mes premières maladresses.
Pourquoi vivre à Strasbourg, plus généralement est-ce un choix de rester en province, alors que beaucoup d’artistes se concentrent sur Paris ?
J’y habite, j’y ai mes enfants, j’y ai mes amis et ma bien-aimée, j’y ai un cercle relationnel. Grosso modo à Strasbourg je suis un peu connu, j’arrive à faire mon trou, à Paris je ne suis personne, et n’ayant pas de cercle relationnel parisien je ne me vois pas déménager à la sauvage dans l’inconnu dans l’espoir d’avoir ce qui n’existe plus : du boulot. D’autant qu’avec internet, le plus souvent un rendez-vous avec un directeur artistique peut suffire et le reste se passe par mail. Un petit coup de TGV peut suffire. Strasbourg est une ville qui bouge bien plus qu’on ne le croit, d’ailleurs.
Tes sources d’inspiration vont du manga aux tatouages à l’ancienne…Quels sont tes artistes de référence dans ces domaines (et dans d’autres) ?
A vrai dire, si tu regardes mon style il se réfère bien plus aux mangaka des années 70 qu’à autre chose… Matsumoto le créateur d’Albator par exemple… Mais en même temps c’est travaillé par mon goût du trait crade qui vient des graphzines des années 80… Sinon les auteurs qui mélangent le kawaii et l’horreur comme Junko Mizuno sont tout à fait délicieux. J’ai aussi beacoup de plaisir à lire les auteurs de BD américains underground comme Charles Burns par exemple. En matière de tatouage, je mange de tout car la palette de ce qui se fait est très vaste, les gens qui se détachent du lot sont à mon avis Usugrow, Mike Giant et Yann Black.
Ton actualité, tes expos à venir ou en cours ?
Je viens d’exposer mes toiles au MFK, un bar rue de l’Abreuvoir à Strasbourg qui accueille des expos souvent très intéressantes, et fin janvier ou début février je vais exposer dans une boutique de tatouage qui vient d’ouvrir, Contraseptik. Le week end du 22 février je tiens un stand au festival de mangas Japanaddict, Salle de la Bourse à Strasbourg, et j’y vendrai mes fanzines et des petites créations custom.
Pour terminer un message que tu aimerais envoyer aux lecteurs du blog ?
Plus tu dessines, mieux tu dessines.
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