Paul Jacquet réagit à la polémique sur les quotas de boursiers

Publié le 05 janvier 2010 par Cdefi
Source : L'Expansion - Propos recueillis par Gilles Lockhart
Paul Jacquet, le président de la Conférence des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs, ne voit aucune contradiction entre la hausse du nombre des élèves boursiers et la qualité du recrutement.

La Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) représente environ 170 écoles d'ingénieurs sur les 200 en France. Dont certaines des plus prestigieuses comme Supélec, les Ponts, Centrale, les INP, les INSA... Son président, Paul Jacquet, est également administrateur général de Grenoble INP. Il intervient dans le débat sur l'instauration d'un objectif de recrutement de 30% d'élèves boursiers dans les grandes écoles françaises.

Les boursiers sont-ils les bienvenus dans les écoles d'ingénieurs ?
Surtout, ils y sont déjà présents ! Leur pourcentage est de l'ordre de 25%, ce qui n'est pas si éloigné de l'objectif de 30% fixé par la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse. A cela une explication : la diversification de nos voies de recrutement. Les classes préparatoires aux grandes écoles d'ingénieurs représentent moins de la moitié de nos recrutements. Beaucoup de nos étudiants sont de très bons élèves des IUT ou de l'Université, qui rentrent en 1ère année de grande école après sélection. Il faut savoir aussi que le taux de boursiers dans les IUT est de 42,9%, selon l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) qui vient de publier une étude intitulée « Les élèves ingénieurs d'origine modeste » dans son n°23 de décembre 2009. Si nous intégrons plus de diplômés des IUT, notre taux de boursiers augmente forcément.

Que pensez-vous de la position de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE), qui pointe un risque de baisse de niveau moyen en cas de fixation de quotas de boursiers dans les écoles de commerce ?
Je ne tiendrai pas le même discours que Pierre Tapie, le président de la CGE. L'exemple des écoles d'ingénieurs montre qu'on peut atteindre l'excellence avec des recrutements diversifiés. Au sein de Grenoble INP, le pourcentage de boursiers est de 26-27% et nous venons de remonter dans les classements grâce à une réorganisation totale de l'établissement. Le taux de boursiers n'a pas affecté la qualité de notre recrutement.

Les écoles d'ingénieurs ont-elles un rôle d'ascension sociale des enfants des classes moyennes ou populaires ?
Dans leur objet social, peut-être pas ; dans la réalité, oui. Selon l'étude de l'OVE, il y plus d'enfants d'agriculteurs issus des classes populaires dans les écoles d'ingénieurs que dans les universités. Cela tient au fait que les écoles d'ingénieurs jouent un rôle de proximité du fait de leur nombre et de leur implantation dans les petites villes. Autre constat, toujours selon l'OVE : les étudiants issus des classes populaires travaillent en moyenne deux heures de plus par semaine que les autres. Et à la sortie, exactement comme les non-boursiers, ils ont la quasi-certitude de trouver un bon job très rapidement.