La gourmandise ne cesse point avec l’arrêt des festivités de fin d’année. Le dernier chocolat avalé (avant le suivant), on pense déjà à déguster de bien bonnes choses. C’est ainsi.
Ayant la chance (via un contrat amap bien choisi) d’être pourvue en poissons directement par un pêcheur du Bassin d’Arcachon, je goûte régulièrement au plaisir de voir passer la sole ou la dorade directement de son bateau à mon congélo, à mon frigo, ou même dans la poêle. Du pêcheur au dégustateur, sans intermédiaire ni bains de glace prolongés pour les bébêtes, je vous promets que le goût y gagne (et ma carte bleue aussi).
Première livraison de 2010 : des animaux préhistoriques plein de pattes, mais d’une grande finesse de chair, à savoir des araignées. Pour la préparation, nous avons suivi les conseils du pêcheur. C’est tout simple, à condition bien sûr d’avoir des araignées vivantes chopées ailleurs que sous un lit ou derrière une armoire :
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Il faut d’abord trouver une gamelle de bonne taille : grand faitout ou cocotte-minute sans couvercle par exemple. - On plonge les bêtes dans l’eau froide (c’est important, sinon les pattes se détachent).
- On ajoute une bonne grosse poignée de gros sel de mer non raffiné (si possible de Guérande, de Ré ou d’Oléron pour faire bosser les copains), ainsi que des grains de poivre et, selon l’humeur, des herbes et des épices. Nous avons ainsi choisi feuilles de laurier, grains de coriandre, un cube de court-bouillon déjà prêt (notre côté un peu flemmasse le soir après le turbin), des herbes de Provence. On aurait aussi pu ajouter un oignon, un clou de girofle ou même de la badiane.
- On met le feu. Il ne faut pas se laisser intimider par l’agitation des pattes lorsque la température monte. Si ton âme est trop sensible à la souffrance des crustacés, tu te mets devant la télé pendant la cuisson, ou alors tu manges autre chose.
- Lorsque l’eau frémit, tu laisses cuire un petit quart d’heure, sans que l’eau se mette à bouillir.
- Au bout d’un quart d’heure, tu embauches la personne la plus musclée de la maison pour vider la gamelle d’eau. Soit les bestioles tombent dans l’évier, soit elles restent coincées, auquel cas tu t’armes de patience et tu les retires avec les moyens du bord (dans le cas qui nous préoccupe : à la main, protégée par un chiffon spécial pour prendre les plats dans le four, tu visualises ?).
On laisse ensuite refroidir les futurs repas, puis on les place pour une bonne nuit au frigo. Faut bien que ça refroidisse sinon la chair est liquide (la soupe de crabe, c’est une autre recette). - Tu dégustes dans un silence religieux (as-tu raisonnablement le temps de faire autrement ? c’est que c’est du boulot de tout décortiquer avec les couteaux fins, les curettes et le casse-noix), avec une bonne mayo faite maison.