A l’occasion de l’ouverture du sommet de Copenhague qui se déroule du 7 au 18 décembre 2009, il me paraît essentiel de revenir sur 2 points extrêmement important à propos de cette discussion sans précédent. En premier lieu, je crois qu’il sera vraisemblablement difficile de trouver un véritable accord pendant ce sommet pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un sommet politique. Bien évidement, il devrait être question de science et de climat mais il est toujours difficile de prendre une décision politique collective. Je souhaite réellement que les discussions aboutissent sur un engagement que chacun aura à cœur de respecter mais au fond de moi, j’ai peine à y croire. Par contre je suis convaincue qu’un tel sommet doit fait partie d’une nouvelle façon de penser et de gérer les problèmes auxquels le monde entier doit faire face. Qu’il s’agisse de climat, de population, d’économie ou de croissance, chaque action individuelle peut provoquer une réaction à l’échelle globale. Je ne suis pas experte dans ces derniers domaines mais je suis scientifique de base et le climat est devenu une question qui dépasse largement les frontières de la science. Cela m’amène au second point que je voudrais développer aujourd’hui à propos de cette conférence. Il y sera question de science, oui mais laquelle : celle qu’on appelle communément aujourd’hui climatologie ou science du climat. Je m’interroge vraiment sur cette notion de climatologie. Quand je regarde les différents acteurs qui ont élaboré les précieux rapports du GIEC, qui sont-ils? Essentiellement des chercheurs qui travaillent dans des laboratoires de météorologie du monde entier (IPSL, CNRM, NOAA,Max Planck Institute for Meteorology etc…) mais aussi des chercheurs en océanographie et quelques uns en géosciences. Or la météorologie et la climatologie sont deux domaines qui ne travaillent pas sur les mêmes échelles de temps…
Alors qu’appelle t-on un climatologue ? Cette science si on la considère comme telle n’existe réellement que depuis une vingtaine d’années. Or j’entends dire partout, et ce depuis un certain temps que pour considérer des données comme fiables, il faut les mettre en regard ou les raccorder à une période de 30 ans au minimum. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Que le recul n’existe pas encore pour pouvoir affirmer telle ou telle thèse avec certitude. À l’occasion de la fête de la science qui a eu lieu du 16 au 22 novembre, j’ai assisté au colloque organisé par l’INRAP et la Cité des Sciences intitulé « Des Climats et des Hommes ». Dès la première intervention, présentée par Pierre Sépulchre chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, il a fallu donner une définition claire et précise du climat. Pour les scientifiques, il s’agit de la distribution statistique de variables météorologiques réparties dans un graphe à trois échelles, temps, espace et perception. La modélisation n’est donc pas évidente et les problèmes nombreux. En témoignent les nombreuses projections dans le futur et les différences de points de vue au sein de la communauté. Pour en revenir à Copenhague, je voudrais terminer sur une intervention de James Hansen, publiée hier dans le Times. Le professeur Hansen est considéré dans la communauté comme l’un des premiers lanceurs d’alerte à propos du dérèglement climatique. Mais il reste sceptique quant à la tournure que pourrait prendre un accord à cette conférence qui risque d’être centré sur le marché du carbone. Affaire à suivre donc.