Belle révolution en terme de politique et web participatif: Les createurs de possibles de l’UMP

J’ai était invité hier soir à discuter avec Nathalie Kociusko Morizet et Benoist Apparu pour le lancement du réseau social de l’UMP les créateurs de possibles, qui sera en ligne d’ici 24h. En petit comité il était vraiment intéressant de débattre car il y avait différentes couleurs politiques donc une vraie ouverture d’esprit. Je tiens à féliciter cette initiative car inviter des gens qui votent un autre parti au siège de l’Ump c’est assez rare.

On peut tout de suite se dire « encore un réseau social » qui se lance et en plus nous avons un pari politique derrière donc tout sera très contrôlé. Pour bien reprendre l’expression d’hier soir « il faut avoir des couilles » pour sortir ce site car il sera ouvert à tous les internautes. L’idée est de donner à tous les citoyens la possibilité de proposer des actions locales ou nationales, les internautes pourront rejoindre les actions proposées, inviter des amis et faire en sorte que cette action se réalise, ils pourront aussi critiquer et lancer une idée inverse et totalement opposée. Cela va d’une demande simple « Plus d’arbres devant l’Eglise de Rueil Malmaison » à un projet national pour ceux qui auront la motivation de les porter. Bien sûr la modération est permanente pour éviter des dérapages, mais les commentaires sont ouverts et non modérés a posteriori. En revanche on peut se poser la question de la certification de l’identité, comment on fait si un internaute poste une initiative ou un commentaire avec le nom d’une personne politique alors que ce n’est pas lui ?

La force de ce site s’il fonctionne c’est de faire remonter toutes les initiatives à un niveau local ou national et d’essayer de passer à l’action. Il faut bien comprendre que ce site est totalement ouvert donc les initiatives peuvent venir de droite ou de gauche. On peut se dire où est l’intérêt de se voir critiquer sur un site de son parti politique et on imagine déjà le maire qui passe un coup de fil au siège de l’Ump « C’est quoi ce bordel Bertrand, je suis en train de me faire critiquer sur le site de mon parti… »

La prise de risque est très importante mais l’Ump a bien compris une chose dans le web social : Le négatif est présent partout sur la toile et qu’il est beaucoup plus facile de le comprendre, de le « maîtriser » et d’y répondre si cela est sur son propre site. La route est longue avant de réunir sur le même site l’ensemble des discussions mais il faut bien un début. Le lancement risque d’être compliqué mais on peut « espérer » avoir un site constructif où tout le monde pourra trouver des idées, c’est la démocratie participative et un outil incroyable pour connaître le pouls au niveau local et national. Quand on voit l’ouverture d’un parti politique avec ce genre d’initiative on se demande ce que font les marques…

Greg souligne comme toujours des points intéressants.

1. L’UMP n’apparait pas en tant que marque (même si le logo y ressemble beaucoup) : c’est une communauté ouverte à tous les citoyens (et les politiques des autres partis peuvent y trouver des idées, des critiques aussi…)
2. Le design est simple et l’ergonomie facile (on retrouve les fonctions classiques d’un réseau social)
3. Il n’y a pas de modération a priori (ce qui est incroyable mais nous y reviendrons)
4. Ils prennent bien en compte les différents statuts définis par Forrester entre ceux qui sont actifs, ceux qui rejoignent ou ceux qui regardent simplement
5. Ce réseau social est un site à part du site de marque (lancé prochainement)
6. Ils ne mêlent pas les 2 bases de données (les données récupérées ne pourront être utilisées que dans le cadre « des créateurs de possibles »)
7. Ils ont les bonnes valeurs (en volonté en tous cas): transparence, authenticité
8. Ils ont bien connecté aux autres réseaux sociaux pour diffuser (Facebook, Twitter & co) et créé des fils RSS pour suivre l’évolution des « initiatives » (jusqu’à la potentielle action).

Dans 10 petits jours, l’Ump lance aussi son nouveau site « corporate-marque » et il risque aussi de faire parler de lui car on parle de design et d’usage novateur pour la politique. Pour le site « créateurs de possibles » l’équipe est animée par 3 personnes dont un spécialiste des médias sociaux et pendant l’année l’equipe web de l’Ump sera composée d’une quizaine de personnes, ce qui montre que le web n’est vraiment pas pris à la légère.

Je vous laisse imaginer la complexité de vendre en interne ce projet, c’est une très belle prise de risque qui mérite d’être soulignée. La force des hommes politiques c’est de comprendre très vite un sujet qu’ils ne maîtrisent pas beaucoup et à la fin de la réunion on nous donnait quelques noms qu’on aurait jamais imaginé comprendre le web comme quelqu’un de notre âge. Il n’y a pas aujourd’hui dans le monde un site comme celui-ci qui est lancé par un parti politique. Comme l’explique Greg, il y a 2 univers qu’il faut surveiller sur Internet, c’est le porno et la politique, ils ont toujours « un coup » d’avance en terme d’usage, d’application…. Obama avait utilisé Internet pour donner de la proximité et créer des liens avec ses militants, il avait un coup d’avance. L’UMP avec ce site prend un gros risque mais donne une vraie vision d’avenir à la politique locale ou nationale.

Dans 2 ans, personne ne sait où sera le Web mais c’est ici le début d’une stratégie web importante pour les prochaines campagnes présidentielles en 2012. Je parle des campagnes car la même année nous aurons l’élection en France et aux Etats-Unis et le web sera au centre de la stratégie. Ce qui est certain c’est que beaucoup de pays vont regarder ce nouveau site  et qu’on aura une « copie » évoluée rapidement dans d’autres pays.

Une chose est sûr, il ne laissera pas indifférent dans le paysage de la politique française.