(Jean Bétrancourt et Mr Antérion devant le Farman 234 F-ARLV)
(Photo collection Privé Alain Bétrancourt)
Né en 1907 à Laon (Aisne), Jean Bétrancourt a grandi à Rouen, où ses parents étaient venus s'établir. C'est vers cette époque, à l'age de 8 ans, à Saint Valéry en Caux, qu'il ressentit sa vocation aéronautique, à la vue d'un avion anglais que le mauvais temps avait contraint à atterrir: " je pus assister à son départ et le suivis des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu, petit point noir, à l'horizon".
A 20 ans, Jean Bétrancourt put réaliser son rêve d'homme volant. Reçu en bon rang à la préparation militaire, admis à choisir son arme, il opta pour l'aviation. Le 27 mai 1927, soldat du 34° Régiment Aérien, cantonné au Bourget, il assista à l'atterrissage du "Spirit-of-Saint-Louis" de Charles Lindbergh. Le succès de l'américain vainqueur de l'Atlantique, incita définitivement Jean Bétrancourt à solliciter son entrée à l'École de pilotage d'Istres, et il fut breveté le 12 novembre 1927. Dès lors se dessinait pour le jeune aviateur, une carrière d'autant plus extraordinaire qu'elle fut presque uniquement accomplie dans l'aviation de tourisme.
Il comptait alors plus de 3000 heures de vol et ne pouvait plus dénombrer les types d'appareils qu'il avait pilotés quand il reçu l'accord de Didier Daurat pour intégrer la compagnie Latécoère, mais il préféra s'associer avec son frère. Dès 1929, il figura parmi les pionniers qui imposèrent à l'aviation rouennaise un tournant décisif. A l'Aéroclub de Normandie, fondé en 1911, les ballonniers restaient à cette époque en majorité. En 1930, les aviateurs rouennais qui venaient d'édifier, au Madrillet un hangar, "touchèrent" leur premier avion, un Caudron, que suivit peu après un Hanriot 14. L'essor s'accentua très vite. Jean Bétrancourt participa à de nombreux rallyes européens. En 1932, Les équipage Bétrancourt-Antérion et Bétrancourt-Duval, en 1933 se classèrent premiers au "Tour de France des avions" avec le Farman 234 Immatriculé F-ARLV (archives de Flight). En 1938, Il contribua à la réalisation du dernier meeting d'avant-guerre au Madrillet, malheureusement endeuillé par la mort du président Louis Antier. En 1939 il fut mobilisé et termina la drôle de guerre à Blida, où il avait convoyé, depuis Perpignan, un triplace de chasse, un Potez 600.
A la libération, Jean Bétrancourt se lança dans la préparation minutieuse de ces meeting aériens qui réconcilièrent, bientôt les rouennais avec l'aviation. Car il réalisa la prouesse d'attirer des foules immenses, pour assister aux évolutions dans le ciel du Rouvray, des derniers avions de guerre à hélice. On put y voir une démonstrations des "yaks" russes, rescapés de l'escadrille Normandie-Niemen et des exhibitions de la célèbre patrouille acrobatique d'Etampes. Devenu premier vice-président de l'Aéroclub de Normandie, Il fut auprès du président André Marie, le plus merveilleux des animateurs. Inlassable, il travaillait à nouveau à un meeting national quand le 26 mars 1962, le malaise qui devait l'emporter le frappa en plein après-midi, dans le bureau qu'il partageait avec son frère Louis Bétrancourt .
Sa grande joie aéronautique, Jean Bétrancourt la tirait de l'école de pilotage du club. Il lui vouait tous ses soins, l'administrait avec autorité et compétence. Il pouvait se flatter que beaucoup de jeunes pilotes formés au Madrillet (Rouen-Rouvray) aient fait leur carrière dans l'armée ou dans les grandes compagnies civiles.
La natation doit aussi beaucoup à Jean Bétrancourt. Il avait maintenu au club de vikings une activité exemplaire transformant cette société en pépinière de champions. Beaucoup qui débutèrent aux Viking ont inscrit leurs nom au palmarès des Championnats de Normandie et de France. Il accompagnait les Vikings à L'étranger dans leurs déplacements. Il accueillait à la piscine sous leur bannière beaucoup de sociétés nautiques visiteuses et les galas des Vikings marquèrent la vie sportive rouennaise.