Eminemment prévisible ! Les contrats dont se vantait tellement Nicolas Sarkozy à son retour du Brésil n’échappent pas à la loi du genre notamment en matière de construction aéronautique. De simples “lettres d’intention” qui n’engagent à rien : combien de fabuleux prétendus “contrats du siècle” (dernier) ont ainsi lamentablement capoté ? Il s’agit néanmoins d’un revers de plus dans la fameuse “diplomatie des contrats” chère à Nicolas Sarkozy. Petit VRP pour ses amis du COUAC-40.
Il y était même “v’nu anvec tote eune sacrée couée d’drôles” : Sarkozy au Brésil avec 25 chefs d’entreprise qui n’avaient certainement pas voyagé dans les soutes… Aux frais de la princesse – décidément trop bonne fille… ce n’est pas un compliment ! – cela ne se refuse pas…. Ensuite de quoi l’on nous traitera d’assistés quand nous osons revendiquer des droits sociaux. Raison supplémentaire de ne pas hésiter à tirer à boulets rouges sur le pianiste qui joue si faux !
Divers éléments permettaient déjà de subodorer cet échec. Les «5 milliards de contrats» dont se targuait Nicolas Sarkozy tout fiérot à son retour du Brésil lui passent sous le nez. Après le fiasco de l’EPR en Arabie Saoudite où pourtant il s’était de même beaucoup dépensé : 20 milliards de dollars de contrat qui lui sont passés sous le nez au profit des Coréens, ça l’affiche plutôt mal ! Je ne suis sans nul doute pas loin de la vérité quand j’affirme que Sarko foire tout ce qu’il touche. Un vrai porte-guigne.
Donc nulle surprise en lisant tout à l’heure sur la newsletter de 20 minutes Le Brésil préfère des avions suédois et américains au Rafale. Question de prix, semble-t-il. Ce serait du moins l’avis du commandement de l’armée de l’air brésilienne selon le quotidien Folha de Sao Paulo qui dit avoir eu accès à un rapport technique confidentiel de 30000 pages… Ils ont bien du courage de l’avoir décortiqué !
Toujours est-il que pour la fourniture à l’armée brésilienne de 36 avions de combat – un contrat de plusieurs milliards de dollars - le Rafale de Dassault serait désormais en lice avec deux concurrents : le F/A-18 Super Hornet de Boeing et le Gripen NG de Saab. Ce dernier aurait la préférence de l’armée de l’air en raison de son prix : il serait «le moins cher des trois concurrents»… «Saab offre le Gripen pour la moitié du prix du Rafale, soit quelque 70 millions de dollars et l’heure de vol est quatre fois moins chère que celle du Rafale».
Soit. Mais il est encore en… phase de projet ! Combien coûtera-t-il réellement à terme ? a moins que Saab ne le vende à perte pour arracher le morceau.
L’armée de l’air et l’avionneur brésilien Embraer considèreraient que le prix du Rafale reste un obstacle rédhibitoire nonobstant les promesses de Nicolas Sarkozy et que les transferts de technologie sont insuffisants pour faire passer la pilule.
Je veux bien mais j’ai le souvenir au contraire d’une délocalisation qui ne disait pas son nom : «Quant à l’assemblage des Rafale, il sera transféré progressi-vement aux Brésiliens : six appareils seront assemblés en France, les autres sur le sol brésilien» soulignait Le Monde dans un article du 7 septembre 2009 Le Brésil en négociations pour acheter 36 avions Rafale.
Décidément, Nicolas Sarkozy qui n’hésite pas à se targuer de vouloir sauver l’industrie française nous la bâille bien belle ! Il en est au contraire le plus grand fossoyeur sous l’Eternel et ce ne sont pas les services ni l’informatique qu’il entend développer qui font la prospérité d’une grande nation. D’où le gouffre de la balance des paiements qui participe aussi à la faillite du déficit des finances publiques… lequel devrait atteindre 84 % du PIB cette année… Dans le «gros rouge qui tache»… les comptes de la France !
Ceci dit, il risque d’y avoir un sacré bras de fer entre le commandement de l’armée de l’air et Lula qui compterait imposer néanmoins le choix du Rafale : «Un pays de l’importance du Brésil ne peut acheter un produit d’un autre pays sans transfert de technologie. Or la France est le pays le plus flexible pour le transfert de technologie et, évidemment, cela est un avantage comparatif exceptionnel», disait-il en septembre 2009. “Flexible” est bien le mot qui convient.
Selon le Figaro – dont les journalistes ne manquent jamais de souligner dans les articles consacrés au Rafale que Serge Dassault est propriétaire du titre – Nicolas Sarkozy qui a déjà rencontré Lula à plusieurs reprises serait en admiration devant le «phénomène Lula» : «Il est à la fin de son second mandat et il bénéficie de 75 % d’opinions favorables. Il incarne son pays dans un sentiment d’unanimité assez remarquable», relève le conseiller diplomatique Jean-David Levitte.
Sarko ne serait-il pas tout simplement envieux ? Au mitan de son premier quinquennat il est à environ 33 % d’opinions favorables et le moins que l’on puisse dire est qu’il est loin d’incarner un “sentiment d’unanimité”… sinon contre lui !