Un peu de jugeote et l'habitude de voir les Etats agiter le spectre de la peur pour faire rentrer les hommes dans le rang auraient dû suffire pour se rendre compte que tout cela n'était que du pipeau. Je ne le dis pas a posteriori comme d'autres. Dès la mi-août compte tenu de ce qui s'était passé dans l'hémisphère sud qui nous avait devancé dans la période hivernale et la grippe porcine, j'écrivais un article pour dénoncer cette grotesque machination des Etats de l'hémisphère nord (voir mon article du 14 août 2009, Après le réchauffement la grande peur fabriquée de la grippe A/H1N1) , prenant pour argent comptant ce que leur disait l'OMS pour se faire valoir, comme ils écoutent pieusement le GIEC en matière de réchauffement climatique.
A l'époque nous n'étions pas nombreux à nous insurger contre cette peur fabriquée. Mais il y avait des voix discordantes, d'ailleurs plus autorisées que la mienne, telles que Martin Winckler ou Marc Gentilini, à qui La Première , station d'information de la Radio Suisse Romande, RSR, donnait la parole, pour appeler les populations à ne pas céder à cette panique montée de toutes pièces. L'internaute pourra se reporter à mon article du 14 août pour de plus larges extraits. Je ne résiste cependant à pas à citer brièvement l'un et l'autre. Leurs propos prennent en effet un relief particulier, maintenant, à l'heure des bilans.
Le 12 août 2009, Martin Winckler disait à l'antenne de la Radio suisse romande :
"C'est très facile de créer une panique dans la population et c'est très facile de créer une panique chez les politiques qui ont peur qu'on leur reproche de ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour protéger leur population. Du coup c'est très facile de les manipuler en leur disant : commandez-nous donc des vaccins. Alors ils les commandent."
Le 14 août 2009, Marc Gentilini disait à l'antenne de la Radio suisse romande :
"Nous ne critiquons pas du tout les décisions prises par les pouvoirs publics mais j'appelle l'attention de ceux-ci sur les comptes qu'ils pourraient être amenés à rendre. Car pécher par défaut est une faute, mais pécher par excès peut en être une autre."
Hier Roselyne Bachelot, Ministre de la santé française, prenait la décision (ici) d'annuler plus de la moitié des commandes de vaccins passées par l'Etat français. Les commandes passées par l'Etat français - c'est bien connu - n'engagent que leurs fournisseurs : belle démonstration de moralité étatique de la part d'un Etat qui se prétend un parangon de probité! L'économie sera cependant moindre qu'annoncée préalablement, 712 millions d'euros au lieu de 869 millions d'euros, parce qu'entre-temps la TVA, qui aurait dû être récoltée par le même Etat, est passée de 19,6% à 5,5%, du fait de l'autorisation donnée à la mise sur le marché des dits vaccins ... Superbe !
Madame Bachelot a eu trois fois tort. Se fiant bêtement à des spécialistes - des noms ! - qui lui disaient que deux doses seraient nécessaires pour être immunisé, elle avait cru bon de commander 94 millions de doses de vaccins pour un pays peuplé de 65 millions d'habitants. Elle avait surestimé sa capacité à faire peur puisque seulement 5 millions de personnes se sont fait vacciner (ici). Elle avait surestimé la pandémie, moins méchante qu'une grippe saisonnière, puisque les décès au 29 décembre se montaient à 198 (ici) contre les 8000 annuels dus à une grippe saisonnière.
Il ne faut pas croire que les autorités helvétiques soient plus intelligentes que les autorités françaises, aussi bien en matière de grippe pandémique que de réchauffement climatique. En effet à l'heure du bilan provisoire, les résultats sont quasiment les mêmes qu'en France. La Suisse aurait en effet commandé 13 millions de doses de vaccins (ici) pour 7,5 millions d'habitants, sans doute en se fiant aux mêmes spécialistes que ceux de Madame Bachelot . Seulement les Suisses sont un peu plus moutons que les Français en matière de vaccins. Ils ont donc été 2 à 3 fois plus nombreux, en proportion, à se faire vacciner. Du coup les surplus sont plus modestes. La Suisse déplore 12 décès (ici) à la date du 27 décembre contre 400 à 1000 dus chaque année à la grippe saisonnière ...
En France comme en Suisse, que des commandes de doses de vaccins soient annulées ou qu'elles soient revendues, il restera encore des stocks. Seront-ils utilisables pour une hypothétique deuxième vague pandémique ou bons pour la poubelle ?
L'OMS, à l'origine de cet immense gâchis, tente de se justifier en disant que la comparaison de la mortalité due à la grippe pandémique et à la grippe saisonnière n'est pas pertinente (ici)... Peut-être mais il n'en demeure pas moins que l'OMS a fait beaucoup de bruit pour rien et que, ce faisant, il sera désormais difficile de la croire en cas de réelle pandémie.
Francis Richard
Nous en sommes au
535e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye