Le mercenariat puise ses sources dans la foulée des grandes guerres et des démobilisations massives qui leur ont succédé. Le mercenaire est un individu qui a choisi un métier et qui se voit contraint au chômage.
Le mercenaire typique est un employé rémunéré pour défendre illégalement les intérêts d'une entité privée au sein d'un État national plus ou moins légitime en matière de démocratie, de droit et de liberté.
Des racines
La doctrine fondatrice du néolibéralisme affirme sans nuance que l'État interventionniste est une nuisance pour le fonctionnement des marchés et un obstacle à la croissance économique. Ces arguments trompeurs servent essentiellement à combattre et à détruire les institutions et les réglementations issues du New Deal.
Le mercenariat militaire et armé troque lentement l'uniforme contre le complet-cravate et l'attaché-case, il remplace l'impact diffus de la violence par l'influence politique de l'argent. L'industrie militaire privée se positionne avantageusement dans ce nouvel échiquier, où les joueurs ne dédaignent pas les zones grises et le double emploi.
À cette époque encore récente, il est parfaitement justifié de vanter les mérites du privé et de dénigrer l'État. Ces nombreux détracteurs sont d'ailleurs bien servis par les élus en poste, qui démantèlent et amputent avec ferveur les sociétés publiques, les services collectifs et les organismes de réglementation et d'inspection gouvernementaux. Le privé en modèle absolu impose la tare des déficits en même temps que la rhétorique sur l'inefficacité et l'incompétence des fonctionnaires. C'est dans cette perspective particulière que nous devons examiner l'impact des attentats commis contre le World Trade Center.
L'industrie de la sécurité
L'échec de l'État est cuisant, la souveraineté nationale a été bafouée et la première puissance s'expose au monde entier, vulnérable et blessée. C'est par une déclaration de guerre que s'ouvre une nouvelle ère de prospérité pour le mercenariat. La guerre contre le terrorisme, les États voyous, l'axe du mal est un terrain fertile pour l'industrie militaire, qui détient déjà une large part au sein du PIB des États-Unis.
À l'ère de la convergence et de l'intégration verticale, les deux industries concernées opèrent en parfaite synergie. La première, offensive, militaire et armée, propage la haine et l'instabilité, et la seconde, défensive, vitale et omniprésente, gagne des points chaque fois que la terreur aveugle du terrorisme se manifeste. Les décisions politiques qui conduisent à des guerres et à des invasions illégitimes prennent ici une importance sans précédent.
Et les causes?
Mais, en même temps, je me demande pourquoi nous ne sommes jamais préoccupés ou interpellés par les causes de toute cette haine, de toute cette violence. Autant de raisons et d'occasions qui profitent à une industrie qui s'alimente à même la richesse collective et qui prospère au détriment de la justice sociale, de la liberté, de la paix mondiale et de la démocratie.
Source Le Devoir.