J’ai été très honoré par cet hommage où mon nom a été associé à des grands comme Emir Kusturica, Christopher Walken ou encore Sir Ben Kingsley...Vous savez j’ai mis longtemps à préparer mon discours, pour trouver les mots justes, ne froisser personne et faire passer un message qui venait du coeur. Cet hommage m’a été rendu mais il est aussi celui de la jeunesse marocaine, des immigrés marocains...et il encourage les jeunes à y croire, tout est possible en se battant, en travaillant sérieusement...Nous avons tous le droit au rêve !
- Comment désirez-vous promouvoir le cinéma marocain ?
C’est mon objectif principal en ce moment, même si ça a toujours été le cas en réalité. Au début de ma carrière, avec Ali Zaoua, ce fut la même démarche.
J’ai eu dernièrement l’occasion de discuter avec Narjiss Nejjar, qui selon moi réalise des films intellectuels excellents, nous aurons j’espère la possibilité de travailler ensemble très rapidement.
Par contre, j’ai signé pour deux films avec Noureddine Lakhmari (qui réalise plutôt des films populaires) et nous avons pour objectif de réaliser des films internationaux, je jouerai le rôle principal et nous allons les coécrire...
J’espère vraiment que nous amènerons le premier film marocain en Darija aux festivals internationaux, et pourquoi pas aux Oscars !
- Pouvons-nous dire que vous êtes un acteur engagé ?
Oui je crois qu’on peut le dire...malgré moi, c’est plus fort que moi ! J’aurai voulu être un acteur de divertissement uniquement, mais on ne peut pas faire autrement aujourd’hui. Je profite du haut-parleur que j’ai entre les mains pour faire ce que j’ai à faire...c’est mon devoir !
- Quelle a été votre motivation pour la campagne de sensibilisation pour la prévention routière ?
Je n’ai pas fait ça pour être en couverture de magazine, ni pour de l’argent... j’ai fait ça pendant 3 ans...M Karim Ghallab (ministre des transports) m’a annoncé que le chiffre avait diminué en passant de 13 à 11 morts par jour, si c’est à refaire je le ferai dès demain.
- Comment pouvez-vous passer de films d’auteurs tel que "La haine" à des films commerciaux ?
Les uns appellent les autres, les films commerciaux génèrent beaucoup d’argent qui repart au cinéma intimiste...il ne faut pas oublier qu’en plus d’être un art, le cinéma est un business...le cinéma intimiste appelé "l’exception culturelle" a malheureusement beaucoup moins de succès que les films populaires, et ils les snobent...alors que sans ces films, il n’y aurait pas les subventions de l’état français.
En ce qui me concerne, même quand il s’agit d’un film à gros budget, je choisis mes rôles, je ne joue pas bêtement le rôle de l’arabe terroriste. Dans "Trahison" que je vous invite vivement à aller voir, j’apporte une dimension humaine à mon personnage, avec une forme d’ouverture, je ne suis pas là pour servir l’abêtissement collectif, j’essaye toujours de rectifier le tir en travaillant sur les dialogues !
- Qu’avez-vous vu comme film pendant le FIFM ?
Le seul que j’ai vu est celui des frères Noury, mais sincèrement ce n’est pas mon cinéma, j’ai essayé, j’ai pris le temps mais je n’ai pas eu l’impression de voir un film marocain...je pense que le public marocain n’est pas encore prêt pour ce genre de films...j’ai eu du mal à tout comprendre malgré mon ouverture d’esprit.
- Que manque-t-il au cinéma marocain selon vous ?
Il lui manque de passer les frontières et de trouver sa réelle identité... Mais c’est pour bientôt Inchallah avec les jeunes réalisateurs talentueux, tels que Noureddine Lakhmari, Narjiss Nejjar, Faouzi Bensaidi et d’autres encore qui seront les chefs de fil pour amener le cinéma marocain aux festivals étrangers.
- Dans votre dernier film, vous dites être marocain, cela faisait-il partie du scénario de départ ?
Non, c’était "français" sur le scénario, mais j’ai dit non, les français ont déjà beaucoup ; le champagne, le vin le fromage, la mode, alors donnons un peu au Maroc qui est un pays particulier...avec la persuasion du berbère soussi que je suis c’est passé (rires)
- Qu’avez-vous tiré de votre expérience dans la boxe ?
Quasi tout, tout ce qui a fait de moi un homme ; la colonne vertébrale, l’éducation, la discipline, la rigueur, le respect, le travail, l’abnégation, l’humilité, TOUT...c’est un sport dur qui donne une leçon de vie, ça m’a appris beaucoup...jamais baisser ma garde ! (rires)
- Parlez-nous de votre relation avec Marrakech ?
Ma relation est incroyable...Marrakech express, mon premier film international (avec Kate Winslet en 1998), c’est mon premier cadeau alors que Marrakech n’était même pas encore à la mode...puis l’hommage cette année, j’ai l’impression que tout se passe ici...pourquoi aller chercher ailleurs ! (rires)
- Qu’aimez-vous faire à Marrakech ?
J’adore le climat, tout va bien ici, j’avoue que cette fois je n’ai pas eu le temps de faire grand chose mais en général j’aime aller chez Bejguenni, manger des bonnes grillades, des brochettes de coeur (rires)
J’aime me balader en sandales, tranquille, me sentir normal...marcher...aller Jemaa El Fna...manger des escargots sur la place....ici j’en profite pour me reposer, me ressourcer, je fais plein de siestes, un peu de sport, je rend visite à des amis, à la famille...je vais certainement passer beaucoup de temps ici pour écrire...
- Que n’aimez-vous pas à Marrakech ?
Si il y a un défaut c’est qu’il n’ya pas la mer, j’aime pêcher, mais pour ça je vais à Essaouira.
- Que pensez-vous du Festival du film ?
Super, c’est un grand élan pour le cinéma marocain...une organisation extraordinaire, très professionnelle, un seul regret c’est la programmation, trop avant-gardiste et pas assez populaire.
- Quelle comparaison avec le festival de Dubaï ?
On ne peut pas comparer, on est beaucoup plus fort...on n’a pas l’argent mais on a le talent et le savoir-faire...
Il est entrain de se planter de toutes les manières et s’il reçoit des stars c’est parce qu’elles sont payées...c’est ce que j’appelle crument de la corruption ou de la prostitution, appelons un chat un chat !
- Qu’aimez-vous écouter comme musique ?
En en moment j’écoute des musiques de films...J’écoute la bande son de "Galdiators", "Un thé au Sahara" et bien d’autres...ça m’inspire, ça me donne des flashs, ça m’aide dans l’écriture. Sinon en général j’aime le hip hop, ça m’a donné beaucoup de force quand j’étais plus jeune, c’était comme un second professeur !
- Quels groupes marocains aimez-vous ?
Il y a quelques groupes que j’apprécie vraiment, comme H-kayne, Fnaire ou encore Bigg qui écrit des textes très intéressants...tous ces artistes sont vraiment à la hauteur, avec un bon niveau des productions musicales et des textes...franchement, le hip hop marocain est le meilleur dans le monde arabe !
Made in Marrakech