C'est une levée de boucliers générale à laquelle on peut assister et dont Richard Descoings aura été le précurseur parmi les personnalités politiques. En effet, la réaction de la Conférence des grandes écoles sur la question des quotas de boursiers - ou objectifs, selon les termes du gouvernement - a poussé d'autres personnes impliquées à faire parler la poudre.
Yazid Sabeg : un propos abolument scandaleux
Le commissaire à la Diversité et l'Égalité des chances, Yazid Sabeg, aura en effet tiré le premier hier, sur France Inter. « Les pauvres ne menacent pas la qualité de nos écoles et des élèves qui en sortent, c'est absolument scandaleux de le dire », s'indigne-t-il. Et prétendre que les personnes défavorisées qui accéderaient aux grandes écoles impliquerait une baisse de niveau, « c'est une adultération et un propos absolument scandaleux ».
En outre, c'est le financement public qui régit la politique éducative en France, et les grandes écoles sont soumises à cette ligne directrice, laquelle a décidé de « faire de l'ouverture sociale un enjeu tout à fait fondamental de la politique éducative ». Alors dont acte, et si ça proteste, on rappellera ce point aux concernés.
Valérie Pécresse : soyez volontaristes
Autre réaction, sur Europe 1 - on baisse en gamme... - cette fois de la ministre de l'Enseignement supérieur, qui lance un appel vibrant: « Soyez volontaristes, n'ayez pas peur. » Car si Valérie Pécresse est « contre les quotas à l'entrée dans les grandes écoles, mais ça n'exclut pas le volontarisme, la volonté de changer les choses ». Non, mais ! Et pour ce faire, il faudrait peut-être repenser le contenu des concours.
Précisons que c'est de la ministre elle-même que vient cette idée de faire en sorte que plus d'élèves boursiers accèdent aux grandes écoles. Et qu'elle fut titluaire d'un Bac à 16 ans, diplômée de HEC Paris en 88 et sortie de l'ENA 2e de promo en 92... après avoir suivi un cursus scolaire à Sainte-Marie de Neuilly-sur-Seine.
Luc Chatel, ou l'indignation !
Enfin, place au meilleur et plus célèbre ex-DRH de L'Oréal du ministère de l'Éducation nationale, Luc Chatel. Ce dernier partage l'avis de Yazid Sabeg et sur France Info (c'est mieux tout de même), de déclarer : « Imaginer que cela abaisserait le niveau parce qu'on ferait appel à des élèves de milieux défavorisés, je trouve ça profondément choquant. »
Et s'il le faut, pourra-t-on imposer cette mesure aux grandes écoles réticentes ? « Oui, je le crois, je le souhaite, et c'est la volonté du gouvernement de le faire », assène le ministre. Voilà le moyen de lutter contre le prédéterminisme qui fait rage chez nous, ajoute-t-il, rappelant que les fils d'ouvrier ont « cinq fois moins de chances de se retrouver à côté de son voisin trois ans après en classe préparatoire ». Et pour en finir avec cette intolérable situation, « le seul moyen de l'imposer, c'est effectivement de mettre en place les quotas dans les classes préparatoires d'abord ».