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Mots-clés : FLUVIOMARITIME
Après cinq jours de panne sur ma ligne téléphonique (merci France Télécom!), je peux reprendre le fil de la "saga" du transport fluviomaritime sur le Rhône, sans oublier de souhaiter une bonne année 2010 à tout le monde.
Toujours en compagnie de Lionel VANDEVILLE, pour ce cinquième chapitre, , je vais aborder les "questions qui peuvent fâcher" concernant la navigation des cargos fluviomaritimes et leurs conditions d'exploitation. Je précise que nous souhaitons, Lionel et moi, éviter tout aspect polémique. Notre intention consiste, simplement et modestement, à brosser un tableau le plus complet et le plus objectif possible. Disons d'abord quelques mots de la question de l'état des cargos fluviomaritimes que l'on peut voir sur le Rhône et la Saône. A la vue de quelques uns d'entre eux, il est, en effet permis de se poser des questions et certains vont même jusqu'à parler de "navires-poubelles".
ARISTOTE à l'écluse de Beauchastel ARTEMIS à l'écluse de Gervans ACE 1 toujours bloqué à Montelimar
Sur ce point, Lionel apporte une précision utile: "Le fait de naviguer fréquemment en eau salée et en milieu marin provoque un aspect visuel « rouillé » pour tout navire fluviomaritime au regard de « Monsieur Tout-le-monde »,surtout si on le compare aux unités fluviales, propres et astiquées qui génèrent la fierté légitime et ancestrale de nombreuses personnes dans la batellerie. Ceci dit, le transport par navire fluviomaritime a plutôt mauvaise réputation au regard des professionnels de la batellerie (on peut le comprendre puisqu’il fait partie de la concurrence), mais aussi au regard de l’autorité fluviale."
Il y a aussi la question des accidents (souvent à répétition) dont certains cargos ont été la cause (et les premières victimes) ces dernières années. Rappelons le cas du NATISSA auquel j'ai consacré plusieurs articles (bordabord.org/news/accident-sur-le-rhone) (bordabord.org/news/accident-sur-le-rhone-dernieres-photos) (bordabord.org/news/accidents-sur-le-rhone-nouvelles-photos)
NATISSA accidenté à Chasse Sur Rhône .....
.....Puis au viaduc de Mornas
Lionel tient à apporter son point de vue sur cette question des accidents et celle de la responsabilité des pilotes: “Il faut reconnaître qu’un simple accident confère un caractère spectaculaire à l’événement, en raison de la masse du bateau. Pour peu que la navigation soit bloquée ou coupée pour sécuriser le périmètre, le cargo que l’on a croisé normalement des dizaines de fois auparavant devient alors un « ennemi ». Cela nous amène à parler de la dilution des responsabilités de chacun des acteurs concernés par ce type de transport et cela se complique puisque, dans la loi française, un bâtiment est soit fluvial soit maritime.”
ARISTOTE montant entre dans le sas de l'écluse de Beauchastel
Concernant la responsabilité des pilotes, Lionel poursuit: “Il ne me dérange pas que l’autorité fluviale fasse son métier en exerçant son contrôle mais dès lors qu’un événement se produit, celle-ci s’en remet au RGP et désigne automatiquement le pilote (dénommé conducteur dans le texte, article 1-02 du RGP) comme responsable. La défaillance technique peut survenir à tout moment et le pilote peut se retrouver responsable d’un accident alors que la maintenance et l’entretien à bord ne font pas partie de ses tâches lorsque l’on fait appel à ses services. Un armateur rémunère un commandant et son équipage pour ce travail et, le pilote n’est que conseiller technique. Quant à lui, le commandant est, selon l’expression consacrée, « Maître à bord après DIEU » et il n’est jamais relevé de sa responsabilité selon les lois de navigation maritime internationale. Il ne s’agit pas, pour le pilote, de se défiler, de fuir, la responsabilité pour un mauvais choix lors d’une manœuvre....
MILOS, avalant, sort du sas de l'écluse de Gervans ............. et il va croiser le WATERWAY montant (au premier plan CONQUERANT, pousseur CFT)
En tant que membres de “l’Association des Pilotes Rhône et Saône” , nous avons la simple prétention d’exercer un métier et ne pas être assimilés à une délinquance fluviale supposée. Nous souhaitons participer ou être simplement consultés pour l’amélioration des conditions de sécurité de navigation intérieure sur ce type d’unités. De par notre humble expérience nous savons qui fait son travail et assume ses responsabilités et qui ne le fait pas ou a tendance à se défiler (comme c’est le cas dans l’affaire de l’ ACE 1, ce cargo abandonné à Montélimar avec son capitaine depuis trois ans…).”
Concernant cette scandaleuse affaire de l’ACE 1, je renvoie à l’article que j’avais publié il y a quelques temps (bordabord.org/news/un-fluvio-maritime-bloque-sur-le-rhone-depuis-deux-ans-2-partie) et à un article très récent publié sur BaB (que je ne retrouve pas!!) informant que le capitaine de l’ACE 1 avait porté l’affaire devant les Prud’hommes (ndlr)
ACE 1 immobilisé à Montélimar (Photos: Cristelle PETIT)
Lionel conclut sur le sujet: “Je précise que ces unités sont visées et contrôlées TOUS les ans par les affaires maritimes et qu’ils font l’objet de contrôles fréquents dans les différents ports visités. De plus, un organisme officiel – le Bureau VERITAS par exemple pour la France – engage sa responsabilité en déclarant apte à naviguer ou non tel ou tel navire. Si demain, devait être instauré un double contrôle technique maritime ET fluvial, les pilotes approuveraient cette mesure parce que le comportement d’un même navire est différent en mer et sur un fleuve ou une rivière."
A suivre ............ Le prochain chapitre viendra conclure ce dossier
Un nouveau grand merci à Lionel VANDEVILLE
Jean Louis VEY (BaB Vallée du Rhône)