Un an après la mort de leur père, trois frères aussi compliqués que différents se lancent dans un voyage spirituel en Inde sur l’initiative de l’aîné. Mais tout ne se passe pas comme prévu et les trois frères et leurs valises se voient portés d’étapes en étapes vers une aventure où famille, amitié et fraternité retrouveront leur sens.
A l’instar de celles de Michel Gondry, les œuvres de Wes Anderson sont faciles à identifier car elles reposent souvent sur les mêmes artifices de mise en scène, le même genre de personnages, les mêmes délires. Par conséquent, son univers, tout comme celui de Gondry, finit par inlassablement se répéter et lasser. Certes, il s’agit d’un cinéma rafraîchissant mais somme toute limité compte tenu de ce qu’il a à offrir.
La trame très classique du voyage initiatique sert de fond pour mettre en scène cette histoire d’amour fraternelle, cette quête qui leur permettra de s’affranchir de leurs limites. C’est surtout dans les péripéties, les personnages, les décors, que réside la vraie originalité du film et le signe le plus distinctif du cinéaste. Mais c’est aussi la mélancolie et la justesse des émotions qui font de ce film une œuvre moins baroque et légère que les précédentes.
Intégralement tourné en Inde, le long-métrage de Wes Anderson est aussi une invitation au voyage et à la découverte d’une culture très différente de la nôtre. Le réalisateur nous gratifie en permanence de couleurs chaudes et épicées qui parfumeraient presque une salle de cinéma de la plus entêtante des fragrances. De même, le travail sur la photo, les décors et les paysages est sublime, et constitue une indiscutable réussite.
Bavard à souhait, « A bord du Darjeeling Limited » nous dispense heureusement d’une Inde carte postale et au contraire se veut une expérience originale, décalée et drôle sur des thèmes pourtant difficiles comme la famille, la filiation, la mort. Si le film manque de rythme et souffre de quelques longueurs, le charme évident qu’il distille et l’alchimie des comédiens en font néanmoins un de ces OVNI cinématographiques malheureusement trop rares. Il n’arrive cependant pas à s’affranchir des codes inhérents à ce genre de cinéma et ne parvient pas à maintenir une intensité égale tout au long du film.
Troisième collaboration pour Owen Wilson et Wes Anderson, à la différence près que cette fois-ci le déluré comédien américain tient la tête d’affiche avec une indéniable réussite et une remarquable sensibilité. Pour lui donner la réplique, Jason Schwartzman (co-scénariste et co-producteur), également déjà vu chez Wes Anderson (« Rushmore »), semble merveilleusement perdu entre ses frères, ses amours et ses écrits. Nouveau venu dans cet univers, Adrien Brody apporte une grande dose de sérieux et de légitimité à un casting déjà inspiré. A noter les apparitions symboliques de Bill Murray, Anjelica Huston, Barbet Schroeder (!) et Natalie Portman.
Déjanté et enivrant, original et dépaysant, aussi bien interprété qu’écrit, et distillant une bande-son remarquablement appropriée, le dernier film de Wes Anderson regorge de qualités évidentes mais demeure néanmoins presque trop conceptuel pour plaire à un large public. Il saura conquérir un public avide de cinéma indépendant dans la veine du récent « Juno », mais risque de se révéler totalement hermétique pour certains.