On ne milite plus, c’est vrai, comme dans les années 60 et 70. Aujourd’hui, les jeunes ont autant et même plus de raisons de se révolter que nous avant-hier et hier. Et beaucoup, sans doute autant et plus, ont à leur façon une conscience politique de ce monde pourri du capitalisme, qui ‘porte la guerre en son sein comme la nuée porte l’orage’ – Jean Jaurès l’écrivait peu avant de se faire assassiner, juste avant le début de la boucherie de 14-18.
Ce monde pourri, aujourd’hui, en arrive à nous pourrir la tête – consomme et tais-toi. Le chômage des jeunes atteint aujourd’hui un niveau inimaginable autrefois – tais-toi et cherche du p’tit boulot de survie, dis merci au patron. Et pas à l’espérance des lendemains qui chantent : ça déchante beaucoup vis à vis des organisations politiques et syndicales, qui se sont beaucoup, beaucoup trop, compromises dans leurs combines de parcelles de pouvoir avec la droite, dès l’ère Mitterrand : d’où l’essor du cynisme, de l’individualisme ‘moderne’ en France, à l’exemple de nos ‘grands socialistes’ comme Lamy et Strauss-Kahn, à la tête de grands organismes mondiaux …
L’espérance internationaliste s’est écroulée elle aussi. Le tournant – aussi historique que l’assassinat de Jaurès en 14 – est l’assassinat, toujours officiellement mystérieux et sans cadavre, de Ben Barka en plein Paris, en 1965. A l’époque, le leader marocain préparait la création de ‘La Tricontinentale’ (Asie –Afrique - Amérique latine) pour unifier les forces révolutionnaires du Tiers-Monde hors du conflit inter-communiste de l’URSS avec la Chine : cette ‘3°Voie’ ne plaisait à personne dans les services secrets, américains, russes, chinois, israéliens, français, marocains, voire cubains…