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Trois questions clés pour la réussite du Plateau de Saclay

Publié le 15 décembre 2009 par Jblully

Trois questions clés pour la réussite du Plateau de Saclay« Notre objectif est simple nous voulons les meilleures universités du monde »
L’objectif du grand emprunt est de financer des dépenses d’avenir, on ne peut donc que se féliciter que 11 milliards sur les 35 au total soient consacrés à l’enseignement supérieur et à la formation. Le capital humain est définitivement une dépense d’avenir au siècle de l’économie de la connaissance.

Par ailleurs, 8 milliards seront consacrés à la recherche. Le choix a été fait de concentrer les efforts sur une dizaine de sites, un traitement particulier est réservé au plateau de Saclay, puisqu’un milliard est alloué à son aménagement, l’objectif étant d’en faire le plus important campus scientifique européen. Les investissements réalisés seront t-ils suffisants pour répondre à l’objectif ambitieux du Président de la République ?

Derrière ces politiques publiques, on retrouve l’inspiration des clusters et l’idéal de la Silicon Valley. Il est pourtant loin d’être prouvé que l’on puisse « décider » la création de territoires innovants car l’éclosion de ces derniers s’est toujours faite de façon spontanée. (Voir Devenir le territoire le plus innovant du monde ?).Les politiques publiques ont un rôle à jouer dans l’accompagnement du développement économique des régions innovantes, pour autant la création de territoires autour de ces synergies ne peut pas se décréter. La littérature relative aux clusters et les effets d’agglomération est abondante, mais les études empiriques se bornent à observer les caractéristiques sans toutefois donner les clés pour les construire.
Ce qui pose la première question : le plateau de Saclay est-il issu d’une émergence spontanée ou d’une simple volonté politique ?

Autre constat la plupart des territoires innovants bénéficient d’une ou plusieurs universités de renom. L’éclatement du système d’enseignement supérieur en France entre grandes écoles et universités, est un problème connu de longue date et est une explication à l’absence de la France dans le classement de Shanghai. La France dispose d’un enseignement supérieur et d’une recherche de qualité mais trop éparpillés. L’idée de regrouper sur le plateau de Saclay l’ensemble des compétences scientifiques de la métropole parisienne paraît donc un principe cohérent avec l’objectif de créer un cluster. Mais est-ce suffisant ? Regrouper géographiquement des entités qui parfois sont concurrentes ne garantit pas l’efficacité de la gouvernance du pôle ainsi créé. Il faudrait aller plus loin. On vante souvent les universités américaines pour leur capacité à produire des start-ups, ce serait oublier qu’elles sont avant tout leader en matière de recherche fondamentale et de production de connaissance académique. Stanford University et Berkeley, les deux plus prestigieuses universités de la Silicon Valley, qui en compte cinq, sont classées en 2ème et 3ème position dans le classement international de Shanghai (la 1ère étant Harvard).
Les investissements publics et privés dans la recherche recueillis par Stanford et Berkeley étaient respectivement de 671 millions de dollars et 525 millions de dollars en 2004, quand l’Université de Paris sud dispose d’un budget de recherche de 66 millions d’euros ! Le potentiel de recherche scientifique francilien est éparpillé dans de multiples laboratoires dépendant d’institutions souvent en concurrence.

Si la concurrence est élément moteur de l’innovation pour les entreprises, les logiques de complémentarités et de coopérations sont souvent plus efficaces dans la recherche universitaire et l’enseignement supérieur.

Deuxième question : le regroupement géographique des institutions d’enseignement et de recherche sera-t-il suffisant, et ne faut-il pas envisager des systèmes de gouvernance plus intégrés ?

Les clusters ou grands territoires innovants à travers le monde bénéficient tous d’une dynamique entrepreneuriale forte : présence de nombreuses start-ups et investissements en capital risque élevés. Le grand emprunt va consacrer 1 milliards d’euros à l’aménagement du plateau de Saclay, pour autant il ne faut pas négliger l’importance des investissements privés. N’oublions pas que le niveau plus faible d’investissement en R&D en France par rapport à nos concurrents vient de la faiblesse de l’investissement en R&D des entreprises. Ce déficit de R&D dans les entreprises est particulièrement sensible dans les petites et moyennes entreprises. Le plateau de Saclay ne sera un succès que s’il montre sa capacité à attirer des investisseurs privés permettant le développement de start-ups et d’entreprises de croissance en lien avec une recherche et un enseignement d’excellence. Actuellement, pour l’essentiel ce sont de grandes entreprises qui sont présentes et ce ne sont pas nécessairement elles qui sont les moteurs de l’innovation.

Troisième question : comment remédier à l’absence de dynamique entrepreneuriale sur le Plateau de Saclay ?

Donc oui il faut investir dans des campus d’excellence et développer un grand pôle universitaire scientifique en Ile de France capable de jouer le même rôle de moteur économique que les grandes universités américaines. Mais, il faut aussi permettre à la recherche de bénéficier à la dynamique entrepreneuriale et pas uniquement au développement des grandes entreprises.
La route est encore longue pour faire éclore une Silicon Valley sur le plateau de Saclay et un des éléments fondamentaux dans le succès de la démarche sera d’y intégrer très en amont les acteurs économiques comme le souligne Pierre Simon, Président de la CCIP dans La Tribune du 15 décembre 2009 : Le développement économique au cœur du Grand Paris.


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