Le second chapitre est beaucoup plus noir, comme l’indignation de M. Dupont à la lecture de la presse régionale qui lui apprend que, sous la pression des conducteurs qui menaçaient de bloquer l’approvisionnement des grandes surfaces pour les fêtes de fin d’année, le Gouvernement a octroyé aux entreprises de transport routier une exonération de charges sociales de 100 millions d’euro, faute de pouvoir politiquement leur accorder une réduction de leur taxe carbone d’un même montant. « Et voilà nos 150 millions d’euros gagnés sur les indemnités journalières des victimes d’accidents du travail qui partent en fumée » ironise-t-il, profondément irrité que la solidarité chère à son cœur profite à des intérêts privés au détriment des régimes sociaux dont les déficits sont abyssaux. Son exaspération est d’autant plus grande qu’il travaille à 50 kilomètres de son domicile qu’il parcourt chaque jour à bord de son vieux tacot diesel et que sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique sera sensible. « A l’heure de la conférence de Copenhague, la solidarité serait-elle à sens unique ? » s’interroge-t-il.
Son voisin, M. Durand, agrégé d’économie, auprès duquel il exprime son mécontentement, tente de le raisonner. Il lui expose que, selon lui, l’Etat ne serait pas conduit à de telles exonérations si le coût du travail n’était pas aussi élevé. « Vous savez, l’Etat fait supporter aux entreprises le coût du travail qu’elle consomme mais aussi, au travers des minimas sociaux, un part de la solidarité nationale qui ne devrait pas être à leur charge mais à celle des contribuables dont vous faites partie » lui explique-t-il.
Après des heures de discussion, M. Dupont comprend que tout est en tout, et inversement et que seule une remise à plat coordonnée de l’ensemble des politiques sociales et fiscales permettrait d’éclaircir objectivement la situation.
De quoi écrire un prochain chapitre ?