Pour le premier culte du dimanche de l’année, on fait un petit bilan de 40 ans d’histoire des Etats-Unis au travers des yeux d’un certain Forrest Gump.
En 1994, alors qu’il est plutôt connu pour ses comédies fantastiques (Retour vers le Futur, Roger Rabbit, la Mort vous va si bien), Robert Zemeckis emprunte un tout autre registre pour nous raconter un bout de l’histoire des Etats-Unis de manière unique et touchante grâce à Forrest Gump. Le succès est immédiat et le film va marquer les années 90.Car en mêlant la petite histoire de cet homme simple à la grande histoire de l’oncle Sam, Zemeckis touche tout le monde. Ainsi plusieurs niveaux de lecture s’offrent au public. Les enfants s’attacheront à ce grand benêt qui court toujours et les adultes y verrons tous les clins d’œils aux actualités qu’il ont pu voir ces dernières années. Forrest est donc né légèrement différent, simple d’esprit, il restera un grand enfant innocent qui verra la maltraitance, le Viet-Nam, le mouvement hippie, le sida, la mort avec un regard différent. Les grand maux de notre société des années 50 à 90 sont évoqués de manière simple et sans s’en détourner. Si Forrest n’était pas un grand enfant, on aurait un film profondément dépressif, mais sa naïveté et son amour inconditionnel pour sa Jenny font que ce film ne verse pas dans le pathos inutile pour se concentrer sur de grandes émotions.
Ces émotions, nous les devons donc pleinement à Zemeckis qui nous présente son film sans artifices, avec une mise en scène simple et toujours proche de son protagoniste, qui ne s’éloigne jamais de son sujet. Grâce à lui, on est plongé dans cette grande histoire qui navigue entre l’intimiste (les scènes entre Forrest et sa mère ou Jenny), l’épique (Viet-Nam, discours hippie à Washington), le drame et l’humour. Toutes les facettes touchantes de ce personnage sont mises en lumière et les effets spéciaux, fortement présents, ne servent qu’à raconter l’histoire en étant invisible (incrustation de Tom Hanks dans les archives, la plume, les jambes de Gary Sinise …). Mais, outre le talent de Zemeckis pour nous raconter cette histoire à la fois simple et complexe, il y a également les comédiens qui sont tous au top.Évidemment, on ne peut que saluer la performance de Tom Hanks qui est littéralement Forrest Gump, à la fois simple, grand enfant mais lucide également sur sa condition et les sentiments des autres même si il ne comprend pas tout aux difficultés du monde. Un personnage pur et touchant auquel on s’attache d’emblée. A ses côtés, Sally Field joue sa mère à travers les âge. Une femme forte qui aidera son fils à s’en sortir par lui-même. Et il y a toujours Jenny, l’amour de sa vie, interprétée par Robin Wright (pas encore Penn), une jeune femme perdue à l’enfance difficile qui trouvera toujours réconfort auprès de Forrest mais à la vie compliquée, cherchant ailleurs ce qu’elle ne pourra trouver qu’en Forrest et lui offrant ainsi le plus beau des cadeaux. Sans oublier le célèbre Lieutenant Dan, interprété par un Gary Sinise sans jambes éreinté par le Viet-Nam mais qui retrouvera une raison de vivre grâce à Gump. Une galerie de personnages forts qui mettent donc en relief la personnalité de Forrest et le rendant toujours plus attachant jusqu’au final tellement émouvant.
Le public ne s’est évidemment pas trompé sur la qualité du film en en faisant un succès au box-office et le rendant rapidement culte. C’est en effet une sorte de bilan sur 40 ans d’histoire des Etats-Unis avec tout le recul nécéssaire pour ne pas tomber dans les clichés qui est évoqué. Et la critique a suivi. Le film a d’ailleurs bénéficié de 6 oscars bien mérités (dont les oscars majeurs de meilleur film, réalisateur, acteur et scénario). Un film fleuve, le meilleur de Zemeckis, qui se regarde aujourd’hui avec toujours autant d’émotions.