The Proposition, c’est un peu le mirage des ces dernières années. Tout comme The Road, le film a mis du temps à nous arriver. Produit en 2005, il n’atteint nos écrans français qu’à la mi-Décembre 2009. Etonnant dans un contexte où l’on peut retrouver le DVD dans d’autres contrées plus chanceuses, alors que tout comme Moon voici un film de qualité et qui méritait une sortie digne de son rang.
The Proposition est de fait la troisième réalisation de John Hillcoat, un nom qui sonne un peu puisqu’il a ensuite pris les rênes de The Road, sa deuxième, ironiquement sorti à quelques semaines d’écarts en France. Plongeant dans l’enfer du désert australien en plein XIXe siècle, il suit le pacte conclu entre un shérif idéaliste et un renégat pour la capture de son voyou de frère, supposé responsable d’un massacre sans nom. Entre bureaucratie sourde aux réalités, et les complexités des relations entre les frères Burns, on a affaire ici à un vrai western plus à l’Ouest que d’habitude, et démontrant qu’Australia n’est pas le seul à illustrer un monde encore trop vierge de bons films. L’arrière pays australien, aride et ensoleillé, n’est pourtant pas si loin des cartes postales de l’Ouest américain. Et si vous ajoutez un casting choc, constitué de Guy Pearce, Emily Watson, Ray Winstone, John Hurt ou Danny Huston, vous avez là un film qui peut se révéler unique.
Très contemplatif, cette Proposition se déroute quelque peu du convenu film de flingues pour devenir l’histoire d’une fraternité hors normes, et d’un système absurde. L’histoire se démultiplie, entre les ruses d’un shérif déterminé à ramener le réel coupable (le frère aîné donc), quitte à absoudre les autres (frères donc), dans une société isolée du reste du pays, où le nombre a plus de forces que les convictions, et l’errance d’un Guy Pearce une nouvelle fois extraordinaire dans ce rôle unique, au sein des montagnes du désert australien. On nage en plein surréalisme par moment, surtout avec cette idée de fêter Noël en plein désert, détaillant chaque personnage avec soin au gré des mélanges de folklores d’inspirations irlandaises, anglaises ou aborigènes. Magnifiquement réalisé (la lumière, tout comme sur The Road, est d’une beauté époustouflante), The Proposition reste un spectacle envoutant manquant d’un peu de forces alors que le film n’est pas exceptionnellement long (1h40). Le réalisme du parti pris, tant dans les décors que les costumes, aide pour beaucoup à se plonger dans cette description de la société australienne de l’époque, découpée entre aborigènes et expatriés européens, entre rigidité d’une justice importée, l’honneur et le respect de sa famille, et la réalité du pays. Écrit (et mis en musique) par Nick Cave, le scénario est un pur produit australien. Un récit aride dans un cadre magnifique, mais se perdant quelque peu dans des errances poétiques qui grèvent quelque peut le rythme du récit, avare en action pour mieux soutenir le poids d’une proposition sans promesse.