On l'imaginait en princesse néo Folk, fredonnant d'espiègles bluettes sur fond de ukulélé, façon The Dø ou Moldy Peaches. On la fantasmait en lolita indie Pop, aussi pétillante qu'une Kate Nash, qu'elle adule au point d'en avoir modelé son phrasé quand elle chante en anglais. Comme une évidence, on la rêvait, enfin, en mini Diva jazzy Soul, réponse française, enfin crédible, à la bouleversante Adele. Mais que peut-on proposer quand, en quelques mois d'une gloire médiatique éphémère, on fut portée aux nues par les uns, abhorrée par les autres... ? A 16 ans, Camelia Jordana, notre petite merveille cathodique qui chante Armstrong comme personne, a déjà connu, pourtant vierge de toute discographie, l'ivresse du succès et l'encensement de la critique. Des comparaisons, probablement prématurées, lâchées dans la passion de l'instant, par un André Manoukian emporté par la fougue. Amy Winehouse, Billie Holiday, Karen Dalton. Rien que ça.
Signée par Nineteen, la société de management de Nouvelle Star, dès son éviction du télé-crochet, Camélia, qui n'écrit ni ne compose, a donc dû constituer une équipe à même de lui façonner son style. Un style au final assez éloigné de ce que l'on pouvait attendre d'elle. Comme un signe avant-coureur, un teaser vidéo, dévoilé il y a quelques semaines, nous montrait la demoiselle abandonnant ses célèbres Wayfarer à la porte du studio d'enregistrement dans lequel elle a donné naissance à son premier album. Volonté (ou nécessité ?) de tourner la page Nouvelle Star pour se trouver artistiquement.
Et pour ce premier opus, presque plus attendu que ne l'a été celui du lauréat Soan, Camélia aurait pu jouer la carte du blockbuster, aligner les signatures renommées, comme il est coutume de le faire quand on est issu de la télé réalité. Christophe Willem a eu sa Zazie, Elodie Frégé s'est muée en muse de Benjamin Biolay sur son étonnant (et ravissant) 2e album, Amel Bent a trouvé en Diam's la complice qui lui écrira son 1er et plus grand hit, "Ma Philosophie".
Camélia, elle, a pris des chemins de traverse, à la manière d'un Julien Doré, avec lequel elle s'est trouvé un nouveau point commun : le musicien Babx. Auteur compositeur interprète ayant lui même à son actif deux albums, coup de coeur de l'Academie Charles Cros en 2006, Babx avait ainsi signé sur l'album Ersatz de la Nouvelle Star 2007 l'énigmatique "First Lady" ainsi que "Soirées Parisiennes".
Le timbre ténébreux de Camélia Jordana, quelque part entre la solennité d'une Barbara, la grâce d'une François Hardy icône des sixties, et la fragilité d'une Carla Bruni, lui a inspiré le mélancolique "Diva". A découvrir en intégralité dans la vidéo ci-dessous :
Sur "J'étais", au rythme plus enlevé, on découvre le versant plus léger de la personnalité de Camélia, cette fameuse désinvolture qui lui avait valu les foudres de Lio après l'une de ses prestations à Baltard. "Tu m'as trouvée antipathique, mais sexy et sûre de moi", minaude t-elle sur ce titre écrit par Jean Felzine du groupe Mustang.
Coup de coeur, et tube presque assuré, pour l'imparable composition country folk d'Abel K1. Où quand CJ, faute à des initiales glamour à mort, se mue en héroïne western. Appelez-la "Calamity Jane" :
Dernier titre proposé lors du showcase, et toujours signé Babx, "Mens moi", une ritournelle retro Pop qui lorgne vers le twist.
Convaincus ? Rendez-vous est pris le 29 mars 2010, date de sortie du premier album de Camelia Jordana, sur le label Jive/Epic.
Pour aller plus loin : - le myspace de Babx
- le myspace de Mustang
- le myspace d'Abel K1
A lire, le CR d'Hedia sur chartsinfrance.net.
Pour les fans : le forum, le myspace, la fanpage Facebook de Camelia Jordana.