PAR GILLES ROCHE (RFIENACTION.COM) VIA RFI RIPOSTE
Noël à RFI, c’est champagne pour les uns et soupe à la grimace pour les autres.
« RFI, c’est une morgue dont les cadavres ne veulent pas quitter leurs tiroirs » avait dit Christine Ockrent peu après son arrivée à la tête de RFI. Mais les cadavres bougent encore. Ils se sont même remis en marche. 270 d’entre eux ont décidé de quitter leurs tiroirs. Ils ont choisi la liberté au risque de la précarité plutôt que subir les caprices de l’hydre à deux têtes qui les dirige. 201 ont vu leur demande de départ volontaire acceptée, 69 autres ont été recalés au premier tour. Et puis il y a tous ceux qui restent avec la perspective d’une réorganisation drastique, de conditions de travail qui menacent de se dégrader, d’une nouvelle convention collective qui va rogner les avantages acquis et d’un déménagement à risque.
En cette veille de Noël à RFI, il y a donc ceux qui trinquent et ceux qui boivent. Ces derniers, qui se comptent sur les doigts d’une main, attendent leur bonus de fin d’année. Mais quels objectifs ont-ils réellement atteints ?
La direction de RFI aurait tort de pavoiser. Elle s’est totalement discréditée et pas seulement auprès de ses salariés.
D’un point de vue social, son bilan est une véritable catastrophe :
- elle a accumulé les mensonges (situation financière truquée, résultats d’audience tronqués) pour justifier un PSE injustifiable créant ainsi un grave trouble au sein du personnel
- elle est rejetée par une grande majorité du personnel, rejet illustré par le nombre important de volontaires au départ, alors que les salariés de RFI sont traditionnellement très attachés à leur entreprise. C’est sans précédent dans les annales de l’audiovisuel public, et ce, dans un contexte de crise économique
- elle a prouvé qu’elle ne concevait les relations sociales qu’en termes de rapport de forces, se situant résolument dans le conflit permanent
Du point de vue de la « marque RFI », la direction s’est livrée à un véritable sabotage :
- en décrivant faussement et publiquement une situation financière “catastrophique” et en fustigeant une prétendue ”culture du déficit”, elle a sapé le crédit de l’entreprise
- en affirmant faussement et publiquement que l’audience était en baisse, elle a affaibli la position de RFI par rapport à ses grandes concurrentes internationales
- en dénigrant systématiquement ses salariés, elle a jeté le discrédit sur l’expertise des personnels qui a toujours fait la force de la ”radio mondiale” et pris le risque de détourner les auditeurs vers d’autres médias concurrents.
D’un point de vue stratégique, ce n’est guère mieux :
- plus d’un an et demi après sa nomination, la direction n’a toujours pas défini de réelle stratégie ni de projet d’entreprise pour la radio
- sa seule stratégie se résume à réduire la voilure c’est-à-dire à abandonner des positions pour se recentrer exclusivement, ou presque, sur l’Afrique francophone et anglophone
- ce choix délibéré de faire de RFI “une radio internationale pour l’Afrique” est une erreur stratégique dans la mesure où, s’il convient certes de développer les positions sur ce continent, un fort courant politique existe en Afrique pour promouvoir une radio et une télévision panafricaine d’information “faites par les africains pour les africains” dans le but d’amoindrir l’influence de RFI et les ambitions de France 24
- cette posture de retrait est en contradiction avec les orientations du président de la République pour l’AEF : « Il ne s’agit pas de faire moins, mais mieux et plus »
- après plus d’un an et demi d’exercice, la direction tarde à mettre en œuvre les synergies prévues avec France 24, RFI étant de toute évidence, dans son esprit, le “parent pauvre” de l’AEF
- malgré les piètres résultats enregistrés par France 24 en termes d’auditoire, c’est la télévision qui bénéficiera le plus du Contrat d’objectifs et de moyens en cours de négociation au détriment de RFI, les nouveaux dirigeants estimant que la radio est un “média dépassé”.
Pour toutes ces raisons, notre combat est encore loin d’être terminé contre cette direction. Jusqu’à présent, nous avons surtout réussi à faire respecter la loi, et à éviter un PSE “discriminatoire” contre les langues et contre certaines catégories du personnel. Nos deux victoires en appel ont été celles de la dignité contre le mépris et l’arrogance. Et ce n’est pas fini. D’autres actions judiciaires sont en cours. Un nouveau préavis de grève a été déposé pour le 7 janvier.