Jeudi soir, j'ai enfin pu prendre un peu de temps pour me promener tranquillement dans le centre touristique de Mumbai. J'avais la vessie pleine, mais n'avais aucune envie de poser mes fesses chez Leopold pour profiter de leurs toilettes, du coup j'ai décidé de me retenir et profiter de la ville plutot que de la salle blindée de touristes et de leurs toilettes douteuses.
J'ai d'abord acheté un téléphone et une nouvelle chip (puce) pour l'assoce. Rien de plus simple pour la puce, il suffit de donner une photocop de son passeport, une photo d'id et le gars vous donne une puce qu'il charge de la somme de roupies que vous souhaitez. Ensuite l'on peut la recharger dans n'importe quel bouiboui de la ville vendant ce genre de service. Le tout dans un magasin de 5 m2 ! Puis ce fut le nouveau téléphone. J'ai opté pour un Nokia basique, fin,costaud et fonctionnel (et qui peut lire une mini carte donc je peux aussi l'utiliser en lecteur MP3 !!!) . J'ai réussie à gratter 400 INR en négos serrés dans le magasin tres tres tres chic chez nokia climatisé à outrances aux moultes vendeurs oisifs limite depresifs, où habituellement rien ne se negocie ! Mais je suis de tellement de mauvaise humeur que plus rien ne me fait peur. Et ca doit se sentir dans la partie adverse.
Puis je vais chez mon favorite silver shop. Juste à coté de la synagogue où les pauvre juifs ont été massacrés l'année dernière. J'achète qqs trucs reproduisant des bijoux anciens, dont les prix sont fixés au poids et donc en principe fixes. Mais foi de Moushette, je ne vais aps acheter au prix normal non mais, j'entame les négos. Mon argument clé dans ce magasin est de dire que je viens de la part de ma cousine Djanet qui bosse à la Merryl Lynch et qui leur achetait auparavant bcp de cadeaux clients Merryl Lynch. ENfin qui bossAIT la bas, car ca fait 2 ans qu'elle a changé de taf. Mais sa réputation et le discount que j'obtiens restent les memes (-15% et des grapillades par la suite !) c'est ce qui compte...
Puis je m'enfonce dans la rue à magasins de conneries la plus touristique de la ville, Colaba. Ai envie de rien, je broie du noir, et c'est toujours aussi relou de se faire harceler tout les 3 mètres par les vendeurs. Bcp me prennent pr une indienne et me cause en hindi, bonne excuse pou ne pas répondre, comprends pas !!! Mais un petit éléphant kitch attire mon attention. Le souvenir de la voix d'uen des bénévoles de EDE rententit dans mon cerveau "Ce serait bien d'avoir plus d'éléphants pour la vente de EDE". J'observe que l'éléphant est placé parmi d'autres dans une boite sympa et pratique. Je demande le prix au vendeur, fais un rapide calcul dans ma tête et propose un prix à -70% si j'en prends 12 !! Le mec rechigne, moi je ralasse, et j'obtiens ce que je veux après qqs échanges secs. Et le tout est dans mon sac en moins de 3 minutes !!
Je marche dans cette ruelle, observe les indiennes grasses en train de négocier, je les compare à la beauté absolue de cette jeune fille pouilleuse, maigre et majestueuse, vetues de haillons multicolores, mendiant dans la rue. Et elle le sait qu'elle est belle, elle en joue avec ses clients, ses regards aguicheurs arrogants sont là pour me le prouver.
Mes pieds m'emmenent au central cottage emporium, magasin d'état pour le handicraft. Hop qqs cadeaux de nowel, hop un cadeau de naissance. La tristesse ne m'a toujours pas quitté. Mon envie de pisser non plus !
Je sors du magasin, que faire ? Allons voir le Taj tiens. Le soleil est couché, il est 18h00. A ma grand surprise il y a des lumières dans la tour moderne. Le bizness a repris. On peut enfin marcher devant l'ancien batiment. Les restos et les bars battent leur plein on voit l'activité de l'extérieur, tandis que le taj résonne des bruits de marteaux, fers à souder et perceuses. J'observe des magnifiques chandeliers, les murs peints d'un rouge écarlate. Rouge comme le sang qui y a coulé il y a un an.
Devant, il y a des vendeurs de cochonneries sur le trottoir, un sur 4 est un enfant. Quoi de plus normal en Inde ? On s'y habituerait presque. Mais non, n'oublions pas, c'est du child labour. Peut etre que cet enfant va quand meme à l'ecole le matin ? Pfff j'en doute, vendre des tongs est un investissement avec retour immédiat pour ces parents pauvres. Que faire, doit on jeter la pierre à ces parents, dénoncer, engueuler ? Je me sens un peu triste et impuissante devant ce child labour que je vois partout.
Coup de fil sur mon nouveau portable. Ma cousine vient me chercher. Elle me retrouvera devant Leopold sur colaba. Enfin sa voiture et là. Je rentre dans la gnolba toute neuve de ma cousine. Position assise, mince c pas bon pour ma vessie ça. En plus la clim est à fond, ca ne va pas etre simple pour se retenir!!!
Mais la bonne humeur de ma cousine m'envahit, j'arrive enfin à raccrocher mon lourd fardeau et penser à autre chose, vive la famille ! On s'arrete devant notre resto préféré (fruits de mers, gambas, poisson), elle file un pourboire à son driver pour qu'il se paye un diner, et je me rue aux toilettes. A l'occidentale, ouf, par contre pas de PQ mais à l'indienne càd un brot d'eau. Pas de PQ normal car aucun touriste vient dans ce resto. Pas grave, pas grave. La vie est belle car enfin ma vessie est vide. Retour à table, on cause on cause. Je dévore mon pomfret (poisson spécialité de mumbai) tandoori avec un tchiz naan. Faut dire que l'idli tchaï de mon petit dej est bien loin, j'ai une fois de plus zappé mon déjeuner ! Ma cousine me fait découvrir un beuvrage excellent comme un lassi salé coupé à l'eau avec des épices douces, parait que ca fait digérer. On discute à batons rompus, j'ai un peu le tournis car ma nuit insomniaque de 3 heures de sommeil commence à se faire sentir. On rentre dans la voiture, tout en causant de son voyage aux USA, du mariage à venir de ma cousine en Allemagne. Pendant qu'elle répond à un appel sur son bberry, mes yeux s'attardent devant ces familles de chiffonniers, pouilleux parmi les pouilleux, assis sur la chaussee entre deux voitures garees, en train de trier papiers sales et plastiques usés. Un petit enfant de l'age de mon fils transporte un gros balot sur son dos, on est en plein cliché, et ici tout ceci parait si naturel, en plein quartier chicos à 50 mètres de notre resto.... Mon pomfret représentait sans doute 3 ou 6 mois des revenus de cette famille ? Je ne suis bonne en calcul mental que lorsqu'il s'agit de négocier, cette fois ci cette regle de trois est trop pénible à calculer. Car le résultat fait trop peur.
Rentrée à ma chambre, qqs emails urgents, un petit DH sur mon ordi pour décompresser de tout, et hop extinction des lumières. Je dormirai 7 heures, enfin, cela faisait qqs semaines que je n'avais pas autant dormi d'affilé. Juste avant de fermer les yeux, je vois l'orphelinat, ces enfants rencontrés le matin, les chiffoniers, les enfants salesmen, un mendiant au corps déformé comme un caoutchouc par une maladies bizarre. La digestion de mon pomfret me berce, je pense à ma famille si loin, ça y est enfin je dors dans ce grand lit dur.