Il y a quelque chose d’un peu gênant à voir cette nuée de critiques
agressives et tardives de tous ces gens qui reprochent au Gouvernement d’avoir
commandé (beaucoup) trop de doses de vaccin anti grippe A !
C’est très significatif des critiques faciles faites après coup, à un moment
ou on peut dire sans risque fanfaronner en clamant: « ça aurait été moi
j’aurais pas fait comme ça ! »
C’est clairement le principe de précaution qui est ici en cause, or cette
obsession du principe de précaution, toute la classe politique y participe
!
Le sang contaminé et la canicule de 2003 sont passés par là et ils ont
traumatisé et la gauche (Fabius) et la Droite (Raffarin) !
Rappelons quand même que le gouvernement a du prendre sa décision de
commander le vaccin il y plusieurs mois déjà, à un moment ou les rapports de
l’OMS étaient assez alarmistes, ou il existait beaucoup d’incertitudes sur les
effets de cette grippe et ses possibles mutations et ou on ne savait pas encore
que contrairement à la grippe aviaire, une seule dose suffirait !
La commande a certes été excessive et à cette époque certains scientifiques
l’ont effectivement considérée comme telle, mais ne valait-il pas mieux trop
que pas assez ?...Qu’aurait-on dit si la grippe s’était avérée beaucoup plus
meurtrière et qu’il n’y avait pas eu assez de doses de vaccin pour tous ceux
qui auraient voulu se protéger ?...je les entends d’ici les villipendeurs
criant haro sur ce Gouvernement qui risque la vie des citoyens pour de basses
considérations budgétaires !
D’ailleurs, est-ce un hasard si tout ce petit monde a attendu d’être certain
que la grippe n’allait pas provoquer trop de dommages avant de s’exprimer aussi
véhémentement ?
Utiliser une question de santé publique comme une pandémie, déjà très
difficile à appréhender et à gérer par les responsables politiques, pour faire
de la petite politique, est à la fois mesquin et dangereux. Dangereux car ces
critiques excessives ajoutent de la pression aux prochaines situations de ce
type qui inévitablement surviendront !
Par contre, on peut considérer comme tout à fait recevables les critiques
qui portent d’une part sur la manière dont la communication a été faite et
d’autre part sur l’organisation de la campagne de vaccination !
La communication fut mauvaise puisqu’elle n’a pas réussi à convaincre les
français de se faire vacciner et la campagne fut tardive (pour ma part je n’ai
pas reçu de bon de vaccination et je préviens tout de suite que je n’irai pas
me faire vacciner en Mars !) et très très mal organisée !
Avec l’arrivée des premiers bons de vaccination qui a coïncidée avec le
décompte quotidien dans les medias des premiers morts, ne craignions pas de le
dire, ce fut un bordel monstrueux !
Ensuite, voyant que la terrible Grippe A n’était pas aussi terrible qu’on
avait pu le penser (seulement 12000 morts dans le monde), les volontaires pour
se faire piquouzer ont commencé à se faire rares, du coup les corrections qui
avaient été faites pour essayer de donner un peu de cohérence à tout ce bazar,
n’ont servi quasiment à rien !
Pour résumer, parmi les nombreuses critiques qui fusent, je distinguerai les
torchons des serviettes.
Notons parmi les serviettes, les judicieuses remarques de François Bayrou
qui ne blâme pas les 94 millions de doses commandées mais déplore la mise à
l'écart des généralistes ou de Jean-Christophe Lagarde (NC) qui réclame une
commission d’enquête « sur la manière dont a été programmée, expliquée et
gérée la campagne » !
Contrairement à d'autres, ces 2 là ont bien compris que ce qui est important
ce n'est pas de s'en servir comme prétexte pour taper sur le Gouvernement, mais
c’est de considérer l’avenir et que si on souhaite pouvoir agir efficacement
lors de la prochaine pandémie dont les conséquences pourraient être autrement
plus graves, il faut savoir tirer les leçons des erreurs commises à l’occasion
de celle-ci fort heureusement relativement bénigne !