Thomas Drimm – Didier Van Cauwelaert

Par Theoma

Tome 1 : La fin du monde tombe un jeudi

« J'ai 13 ans moins le quart et je suis le seul à pouvoir sauver le monde. Si je veux. »

La vie n'est pas facile pour Thomas. Il est obèse, sa mère ne l'aime pas, son père est alcoolique, il est amoureux d'une femme qui semble ignorer qu'il existe, vit dans un monde futuriste qui fout vraiment la trouille, et comme si cela ne suffisait pas, il tue accidentellement un célèbre scientifique renommé.

« Elle a au moins le double de mon âge, et mon unique chance avec elle c'est qu'elle est seule comme moi, sans boulot, malheureuse, et qu'il y a des bouteilles d'alcool dans ses poubelles à elle aussi. Si ça ne la bousille pas trop vite, ça nous fera un point commun quand je serai grand. »

Premier roman jeunesse pour le prolifique touche-à-tout Didier Van Cauwelaert qui a su faire du jeune Thomas un garçon intelligent et terriblement attachant. La plume est incisive, caustique, mordante et elle fait mal. Les premières pages sont tonitruantes, le lecteur reçoit une belle claque comme il en est friand.

« Je referme d'un coup mon sac, et salue de la main Jennifer qui galope vers le collège. C'est la seule qui soit sympa avec moi, dans ma classe, parce qu'elle est encore plus grosse que moi. Je me lance derrière elle pour la rattraper, et on court le cent mètres côte à côte en agitant nos bourrelets sourires au vent, comme si la vie était belle et qu'on se dépêchait pour quelque chose de chouette ».

J'ai beaucoup apprécié la première partie mais je me suis malheureusement ennuyée, et je le regrette !, durant la seconde. Je me suis essoufflée, trop de détails tuent l'action, trop de descriptions remplacent le suspense par un détachement dommageable : au final, le sort de ces hommes et femmes virtuels m'importait peu.

La thématique d'une société en dérive est très (sur)utilisée en général et particulièrement ces dernières années dans la littérature jeunesse. Il n'est pas évident de se démarquer, d'éviter les redondances et les écueils. Après avoir lu l'excellent Hunger Games, mes attentes sont montées d'un cran, sans oublier, la pandémie mondiale des séries qui obligent les lecteurs à devenir plus difficiles à convaincre. Il faut vraiment avoir eu un plaisir de lecture pour vouloir lire la suite.

« En plus, vue de près, elle a des cernes, quelques rides au coin des yeux et deux petits plis de chaque côté de la bouche. Elle est normale, quoi. Vivante. Pas comme les filles nues des magazines qui n'existent que sur photos, tellement elles sont retouchées, tirées, gonflées, avec leurs faux seins et leurs sourires en silicone. Brenda Logan ne sourit pas, elle. On sent qu'elle en a pris plein la gueule dans la vie, ça l'a marquée et c'est beau. »

Comme en témoignent ces extraits, tout y est : les idées, l'originalité, la belle écriture. Pourtant, Thomas Drimm ne m'a pas convaincue de le suivre dans les 4 prochains opus de ses aventures. Bonne route à lui et à tous ses lecteurs qui attendent la suite avec impatience !

Albin Michel, 392 pages, 2009