Il est dit que les écorchés vifs ont dans leur cœur la poésie de la mélancolie. Lhasa de Sela qu’on n’appelait plus que Lhasa est décédée dans la nuit du 1er janvier 2010 suite à un cancer du sein. Un combat qu’elle a mené pendant plus de vingt ans. La faucheuse est passée un soir à Montréal alors que Lhasa n’avait que 37 ans.
Arrêt sur image
À cheval, entre le Mexique et les États-Unis, à cheval entre le blues et le folk
Son dernier album est particulièrement intéressant comme une lettre d’amour à tous ceux qu’elle laisse derrière elle.
Prémonitoire ? Cet album met en relief sa force et sa douceur. Un contraste très bien dosé. Prémonitoire parce que cet album est moins vif que les précédents. On sent que la fatigue la gagne, que le combat est difficile. C’est aussi l’album de la maturité. Généreuse elle raconte de petites histoires avec une basse et une harpe omniprésentes. Un album blues qui s’inscrit dans l’univers soigneux Nat King Cole (« Bells » ou « Rinsing »). Un petit air de country n’échappera à personne (« Fool’s Gold »). Un vieux Texas où les machines pompent le pétrole au soleil couchant comme la maladie pompe l’énergie de Lhasa, c’est-à-dire sans relâche.
Je tire ma révérence
À la voix douce, chaleureuse, le son provient de la gorge. Une gorge qui avale les nouvelles et les transforme en lyrisme, en souffle de l’esprit. Comme sur « A Fish On Land » qui rappelle l’ambiance Bagdad Café. « Anyone and Everyone » conclut l’album et sonne l’heure d’une voix qui file sur les bords du Mississippi. Une voix par ailleurs qui s’amuse à monter très haut comme sur « I’m going in » et plus basse, comme si elle nous livrait un secret sur « 1001 Nights ». Lhasa de Sela laisse derrière elle un album d’une grande force, charismatique à l’ambiance chaleureuse, sans broderie mielleuse. Album d’une vraie femme tout simplement…