Ils ont 78 et 77 ans, sont mariés depuis près de 55 ans, ont élevé leurs enfants comme ils ont pu, ont travaillé dur, se sont occupés de leurs parents quand il a fallu les prendre en charge, et se trouvent parfois bien seuls maintenant.
Mais ils n’en tiennent rigueur à personne, comprenant très bien que leurs enfants ont leur propre travail et leurs propres soucis, que leurs petits-enfants, bien qu’ils les aiment bien, préfèrent consacrer plus de temps à leurs occupations et leurs amis qu’à leurs grands-parents, totalement déconnectés de leur monde d’ados.
Ils se soutiennent l’un l’autre, mais que les journées sont longues en hiver, quand le soleil se fait rare ! Et il ne sert à rien de se coucher plus tôt, car le sommeil ne vient pas facilement, et il est si fragile…..
Alors quand l’un des deux, soudainement, doit être hospitalisé, c’est le drame.
Le personnel hospitalier est gentil, bien sûr, mais les infirmières n’ont plus guère le temps de discuter, les explications des médecins sont complexes, et tous ces examens, sont-ils vraiment nécessaires ?
Celui qui reste seul à la maison culpabilise, parce qu’il n’a pas su aider son conjoint. Et la seule compagnie du silence ne lui suffit pas. L’absence de l’autre est souffrance. Les yeux, souvent humides, débordent facilement. Ce sentiment d’inutilité peut conduire à la dépression. Se sentir un poids pour les autres, avec un corps fatigué, ne pouvant même plus assumer son rôle de chef de famille ou de maîtresse de maison, sont des causes de dépression trop souvent ignorées.
Malheureusement, les exigences de rentabilité ne permettent plus au facteur de passer un peu de temps avec les plus âgés, le marchand ambulant a arrêté ses tournées, et les enfants restent moins longtemps le dimanche, car ils vont faire les courses, maintenant, le dimanche……
Quand on regarde des reportages sur des peuplades « arriérées » ou à tout le moins à l’écart du progrès, et qu’on voit comment ils traitent leurs aînés, on se prend à avoir honte de notre civilisation.