Lourmarin, dernier jour de juillet 1996.
C’est une tombe hors d’âge comme on en voit encore dans les vieux cimetières. Quelles mains anonymes viennent encore la fleurir ? Ce jeune couple qui sortait, d’un air un peu rêveur ? De mémoire en mémoire seules l’honorent vraiment la sauge et la lavande qui peu à peu ont recouvert la pierre. Les êtres emportés dans le temps. Mais l’esprit, l’esprit vivace des poètes et des philosophes. Comme la sauge, comme la pierre, à la fois dans et hors du temps. Au-delà de la course, là pourtant. J’imagine simplement la sauge et la lavande sous un beau ciel d’orage aux lazzis électriques, quand le mistral file à grands traits et que par intermittence se découvrent par hasard, au plus fort des bourrasques, quelques lettres d’un nom : Albert Camus.