Mais ne faisons pas la fine bouche et oublions un temps ce message politique bébête pour savourer ce qui restera dans l'Histoire du cinéma comme les plus belles images de synthèse et les plus beaux décors jamais produits par Hollywood jusqu'en l'an de grâce 2009. A coups de centaines de millions de dollars et grâce à un professionnalisme en béton armé, Cameron et ses équipes ont rendu enfin crédible le film de science-fiction. Les détails extrêmement travaillés de la faune et la flore de Pandora, la planète menacée d'invasion, comme ceux des équipements et vaisseaux spatiaux du corps expéditionnaire terrien font d'Avatar l'aboutissement tant attendu d'une longue série de films inaugurée par Dune et les premiers épisodes de la Guerre des étoiles. La technique est à ce point maîtrisée qu'elle oeuvre à la crédibilité du film plutôt que la desservir.
Si Cameron avait été un peu moins manichéen dans la typologie des personnages, la réussite de son film aurait été encore plus grande. Mais le pouvait-il dans le système de blockbusters qui le nourrit et les investissements massifs qu'il requiert ? Non, car la conquête du grand public ne pouvait s'embarrasser de trop de subtilité. C'est bien là le trou dans la carapace de son cinéma : le capitalisme écologiquement dévastateur qu'il voudrait dénoncer le tient par la culotte.
En attendant, courrez avec ou sans vos enfants pour vous délecter de cette bluette à singes bleus.