Le timing de ce voyage n'est pas anodin puisque le Royaume du Maroc célèbre ces jours-ci le 32ème anniversaire de la marche verte, évènement symbolique par lequel le Maroc a récupéré son sahara qui était occupé par...l'Espagne. Par ce geste déplacé, cette dernière essaie d'instaurer un fait accompli colonial. A l'approche des élections législatives espagnoles, José Luis Rodriguez Zapatero et son parti socialiste jouent la carte de la fibre nationaliste en obligeant Juan Carlos à effectuer la visite officielle. Voilà une initiative que le Parti populaire n'a jamais réussi à faire, et bien évidemment ne peut jamais critiquer !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la réaction du Maroc a été, cette fois-ci, très vigoureuse: le rappel de l'ambassadeur à Madrid, et l'envoi de communiqués vifs de la part du gouvernement. Les parlementaires s'y sont mis également puisqu'ils organisent un sit-in devant l'ambassade d'Espagne et une séance plénière sera même consacrée à cette visite. La séance sera marquée par des interventions du Premier ministre, des présidents de groupes parlementaires et des représentants des formations politiques.
Cependant, soyons réalistes! Si le Royaume du Maroc a plusieurs cartes à jouer (pêche, émigration, liens économiques...), sa marge de manœuvre reste très limitée. Les négociations entre le Maroc et le Polisario sont toujours dans un tunnel et l'Espagne peut encore jouer un rôle. Le Maroc marque donc le coup en attendant d'être en mesure de demander solennellement la libération de Sebta, Melillia et les îles méditerranéennes devant la quatrième Commission des Nations Unies, spécialisée dans les affaires de décolonisation, et pourquoi pas, la Cour Internationale de Justice.