En ce début d'année, l'envie m'est venue d'ouvrir le bal poétique 2010 avec un poète fort méconnu, Vincent Voiture (1597-1648). Je vois vos yeux écarquillés de surprise et commence à percevoir votre faim de savoir. Qui est ce Vincent Voiture, qu'a-t-il pu bien écrire pour avoir eu droit à un espace d'éternité de quelques pages dans un manuel scolaire?
Il est considéré comme un des maîtres de la préciosité amoureuse, marque de fabrique d'une partie de la littérature du XVIIè siècle, ses oeuvres poétiques ont été publiées à titre posthume. Pour lui, l'amour est un jeu de salon, un délicieux prétexte aux excercices de style et il y invite au badinage avec humour et légèreté. "Les demoiselles de ce temps" évoque, avec malice à nos yeux de modernes du XXIè siècle, les amours faciles, les douces et tendres aventures au goût volage et exquis du butinage des fleurs prêtes à être cueillies.
Les demoiselles de ce temps
(1649 - édition posthume-)
Les demoiselles de ce temps
Ont depuis peu beaucoup d'amants;
On dit qu'il n'en manque à personne,
L'année est bonne.
Nous avons vu les ans passés
Que les galants étaient glacés;
Mais maintenant tant en foisonne,
L'année est bonne.
Le temps n'est pas bien loin encor
Qu'ils se vendaient au poids de l'or,
Et pour le présent on les donne,
L'année est bonne.
Le soleil de nous rapproché
Rend le monde plus échauffé;
L'amour règne, le sang bouillonne,
L'année est bonne.
Pour lire les trouvailles des compagnons du voyage poétique de Celsmoon c'est par ICI !
(Jean Honoré Fragonard "Conversation galante dans un parc, l'amoureux couronne" 1754/1755)