Les grosses licences sont rarement synonymes de qualité ou d'originalité dans le monde du jeu vidéo, et celles des super-héros encore moins. Alors quand le sulfureux éditeur Eidos a confié la licence Batman au jeune studio Rocksteady, uniquement connu pour Urban Chaos, on était en droit d'attendre le pire, surtout compte tenu des malversations qui ont précédé la sortie du jeu. Après des premières impressions assez négatives, voici venir le test complet qui prouve que certains développeurs sont encore en mesure de nous faire ravaler nos préjugés.
Bienvenue chez les fous
Batman : Arkham Asylum est un jeu d'action-aventure en vue à la troisième personne qui vous permet d'incarner le Dark Knight lors d'une petite visite d'Arkham. En théorie, l'intrigue est très simple : le Joker s'est échappé une fois de plus de l'asile et Batman l'y ramène, mais une fois Batman et le Commissaire Gordon entrés sur l'île d'Arkham, le Joker déclenche son piège et les y enferme tous les deux tout en libérant tous les prisonniers. Bien sûr, il y a derrière tout cela un plan bien plus machiavélique du Joker qu'il vous faudra découvrir au fil de vos pérégrinations sur l'île.
Que les fans se rassurent, le jeu est un exemple de fidélité à la licence, et vous pourrez y trouver énormément d'informations sur les différents personnages peuplant l'univers de Batman ainsi que sur le justicier masqué lui-même ou encore l'histoire de l'asile d'Arkham. De nombreux super-vilains sont présents, allant du Joker à Poison Ivy en passant par Scarecrow, Killer Croc et bien d'autres, chacun a son propre mode d'opération et donnera bien du fil à retordre au héros.
Ambiance
Graphiquement, Arkham Asylum tape dans le haut de gamme. Les personnages sont magnifique et détaillés, et les paysages dénudés de l'île sont relevés par un jeu de lumière très réussi qui change en fonction du scénario. Le tout est parfaitement optimisé et, sur PC, tournera sans problème sur une machine moyenne. Côté animation par contre, le résultat est moins constant. Les personnages semblent un peu rigides et trop droits pour être naturels, excepté durant les combats très spectaculaires où les animations pré-calculées font parfaitement leur office.
Mais les graphismes ne sont qu'une petite partie de ce qui fait tout le charme du titre : son ambiance. Au coeur des couloirs et jardins de l'île d'Arkham, Batman n'est qu'un monstre parmi les autres et se fond parfaitement dans cette ambiance extrêmement sombre et déjantée. Les fréquentes apparitions du Joker sur les différents écrans contribueront à réhausser le tout, tandis que les dialogues, doublés de main de maître en anglais comme en français, montreront bien que le jeu n'est pas fait pour les enfants. Mention spéciale aux différentes confrontations avec Scarecrow, le maître de la folie, qui sont souvent grandioses. Enfin, la musique ne gâche rien en s'adaptant bien au scénario et en restant dans les canons de la série.
Et le gameplay dans tout ça ?
Arkham Asylum reprend pour lui les recettes bien connues du genre action-aventure en alternant phases de combat et zones d'enquête/exploration utilisant un gameplay contextuel adapté aux deux. Le déroulement du jeu est très linéaire et la prise en main des nombreux mouvements disponible se fait naturellement. Ainsi, afin d'explorer l'île d'Arkham et d'arrêter le Joker, Batman aura bien sûr accès à toute une panoplie de gadgets qui lui permettront d'interagir avec l'environnement, d'accéder à des endroits éloignés, de détecter des indices invisibles à l'oeil nu, etc. Pour leur utilisation, le joueur est véritablement pris par la main et tout est expliqué par les dialogues entre le héros et Oracle via la radio. Pour ceux qui auraient encore des difficultés, le passage en mode "Détective" change la vue du héros et met en surbrillance tous les éléments avec lesquels il est possible d'interragir, rendant le jeu beaucoup plus facile, peut-être même un peu trop.
Côté combat, on tape dans le grandiose avec les mouvements surhumains accessibles à Batman. Les confrontations sont également facilitées par les alertes qui permettent de savoir exactement quand contrer les attaques ennemies. Quelques ennemis spéciaux demandent une tactique spéciale pour être contrés, mais leur nombre reste limité.
N'oublions enfin pas que Batman est avant tout un super-héros de l'ombre, et les phases d'infiltration sont également nombreuses et mises en avant par les développeurs. Perché sur une gargouille, Batman pourra se laisser tomber pour assumer les ennemis ou encore les pendre en lair. Il est également possible de s'approcher doucement par derrière afin de neutraliser les adversaires sans bruits, de lancer des Batarangs afin de les désarmer, et bien d'autres choses.
L'équipement de Batman jouant un rôle primordial au cours du jeu, il sera possible de l'améliorer en gagnant des points d'expérience acquis lors des combats ou en résolvant divers énigmes au cours de l'aventure. Note supplémentaire au bénéfice de Rocksteady, le système de sauvegarde automatique est suffisamment bien pensé pour ne pas faire fuir les joueurs PC. La durée de vie totale de la campagne solo s'élève à 15 à 20 heures de jeu, et peut être facilement étendues si vous chassez les nombreuses énigmes laissées derrière lui par le Riddler, qui vous permettent ensuite de débloquer des défis à effectuer en temps limité. Le tout est donc très honorable pour un jeu de notre époque.
Conclusion
Malgré de très fortes prédispositions à la déception, Batman : Arkham Asylum se présente comme l'un des meilleurs jeux d'action-aventure existant actuellement, s'élevant aux côtés d'Uncharted 2 et Assassin's Creed II pour faire de l'année 2009 un excellent cru dans le genre. Magnifique, respectant la licence à la perfection, doté d'une ambiance de folie et d'un gameplay bien pensé, on pourrait pinailler sur la linéarité mais cela serait de la mauvaise foi. Un jeu à posséder de toute urgence si vous aimez le genre, le héros, ou les deux.