Pixar: Toy Story 3 – La franchise des jouets

Dix ans après Toy Story 2, nous allons réouvrir le coffre à jouet le plus célèbre de la planète !
Toy Story est finalement la seconde trilogie (après Star Wars) qui mette en scène son propre merchandising, sans vergogne et avec un talent inégalé: celui de l’équipe Pixar.
Ne nous y trompons pas. Une fois encore ce film ne va pas s’adresser (qu’)aux enfants mais bien avant tout le monde aux adultes. C’est cela la “trademark” de Pixar. Pour peu qu’on veuille se pencher un peu sur l’ensemble des œuvres des “fous du 1200 Park Avenue”, Emeryville Californie; ils utilisent le public des 3-12 ans pour attirer les parents, oncles, grand mère, parrain et baby sitter, comme des pécheurs utilisent des bouchons et des cuillères multicolores pour attraper les poissons ! Chacune de leurs prouesses est l’occasion de relever le niveau mondial de création cinématographique. Et actuellement, force est de constater que Pixar est inbattu même si ils ont fait des émules chez Dreamworks par exemple. Il y a un “esprit” Pixar: the Pixar Touch et on ne peut pas la copier.
Déjà, ce sont les seuls actuellement à savoir créer de la vie dans le regard de leurs personnages animés. Il suffit de regarder les tentatives du talentueux Robert Zemeckis avec sa technique brevetée “Performance Capture” sur ses films “The North Pole Express” ou “Beowulf” pour s’apercevoir que ses “avatars” ont des regards morts, sans la moindre vie quand on les compare à la première binette entrevue chez Pixar. C’est un écueil que Cameron a réussi à éviter dans Avatar, mais sans frôler le haut degré d’expression que les animateurs anthropomorphes de Pixar ont réussi à atteindre et ce dès le début ! Il y a donc des talents au sein de Pixar que les concurrents n’ont pas réussi à cloner ni à mettre en algorythme fractal et c’est semble-t-il la “Human Touch”. Et c’est ce qui rend les vieux films Pixar toujours regardables même avec les progrès logarithmiques du Rendering que nous vivons depuis l’avènement du silicone au sein du cinéma. A noter que dans le premier Toy Story, les êtres humains étaient absents pour des raisons de contournement technico scénaristique, puisque Lasseter n’était pas satisfait de leur rendu possible à l’époque. En adaptant les limites techniques au besoin du film, Pixar quelque soit l’époque devient immédiatement un classique.

D’abord au niveau du scénario, chaque film signé par Emeryville, est du “cousu main”, du travail d’artisans. Le projet est remis en question par un “collège” de réalisateurs (dont John Lasseter lui-même) qui travaillent ensemble afin que le film soit de la meilleure qualité possible. C’est au sein de ce pool de scénaristes et réalisateurs que l’égo du réalisateur responsable en chef est fondu puis reforgé afin de servir son œuvre. C’est une aide formidable pour le réal de trouver conseil et d’entendre sans langue de bois ce que ses pairs pensent de son travail en cours, lui offrant aussi leurs meilleurs idées d’améliorations ou de contournement d’obstacles. Donc quand on regarde un film Pixar on regarde une oeuvre collective réalisée en petit comité d’artistes. Ce qui pourrait expliquer le haut niveau obtenu dans les scénarii des longs comme des courts métrages produits au 1200 Park Avenue…
Alors réaliser un Toy Stoy 3, ca ne serait pas un moyen ultra facile d’engranger des millions de dollars avec un film que tout le monde souhaitera aller voir et dont les produits dérivés vont envahir les rayons de la rentrée scolaire ?… Il est certain que Toy Story 3 sera un grand succès et que la moisson de dollars sera bonne. Il est à parier que vu le sujet aborder (la fin de l’enfance), ce film va encore illustrer avec finesse les petits travers de notre société de consommation et des industries du rêve. Mais ne nous leurrons pas: à chaque nouveau Pixar des risques sont pris. Il suffit de regarder “La-Haut’ pour voir qu’un héros du troisième age n’était pas un pari gagné d’avance. Toy Story a su se frayer un chemin dans notre imaginaire au point de nous faire vibrer encore 15 ans après. Et oui à l’époque où Cameron écrivait Avatar, sortaient les premières aventures de Woody et Buzz…
Toy Story 3 de Lee Unkrich (monteur de TS1 & 2) doit sortir en juin 2010. Ca va tout simplement être Noel en plein été !