Personne n'a oublié ce qui s'est passé lorsque The Lost Symbol est sorti en version numérique : en l'espace de quelques jours, le livre a accaparé la première place des ventes chez Amazon.com, et l'on a vu l'avenir se dessiner. Dans le même temps, 24h à peine après ce lancement, des copies pirates circulaient sur le net, via les réseaux Rapidshare ou BitTorrent. On estime alors à 100.000 téléchargements illégaux la conséquence de ce partage en totale violation du droit d'auteur.
Au mois d'octobre 2009, les ventes de livres numériques ont représenté 18,5 millions $. Près de deux millions de plus que sur l'ensemble du 4e trimestre 2008 et à peine 7 de mois que pour le 1er trimestre 2009. Dire que le marché décolle est un doux euphémisme... En parallèle, dire que le piratage suit la même voix devient une lapalissade... Le casse-tête de 2010 sera donc la lutte contre cette pratique, avec dans la tête des principaux éditeurs que toute version téléchargée illégalement représente une vente de perdue. Notion éminemment discutable...
Car tout ce qu'internet touche, il le rend gratuit. La phrase est célèbre, mais n'en inquiète pas moins les auteurs. La culture open-source, la notion même de propriété sont des éléments qui deviennent rapidement étrangers aux internautes. À l'Association of American Publishers, on estime que tous les secteurs du livre sont atteints par les copies illégales : médecine, guides techniques, fiction ou non-fiction, manuels scolaires...
Or les approches tentées par les majors du disque ou du cinéma ont montré combien il était facile d'engloutir des millions dans la répression, en vain. Et bien que le partage de fichiers musicaux persiste, un acteur comme Apple, avec son iTunes est désormais devenu le plus gros vendeur de musique au monde. Et que penser de l'AppStore qui permet de vendre à direction des appareils ciblés de la marque (iPhone, iPod Touch...), des applications pour presque tout ? L'avenir de la vente de livres serait donc à creuser de ce côté-là et nombreux sont les acteurs qui aimeraient devenir les iTunes de l'ebook.
Mais les éditeurs ne l'ont pour le moment pas entendu de cette manière : on se souviendra que pour lutter contre le piratage, mais avant tout pour contrer les prix excessivement bas d'Amazon, des maisons ont décidé de retarder la sortie de plusieurs ouvrages en version numérique, de quelques semaines à plusieurs mois. L'exemple de J.K. Rowling bascule même dans l'extrémisme le plus complet, avec un total refus de l'ebook, par crainte justement du piratage.
Pourtant, si les chiffres sont difficiles à donner, les dommages causés à l'industrie par le piratage semblent encore assez surestimés. Si pour certains, c'est l'apocalypse qui se dessine au loin, aujourd'hui, les possesseurs d'un lecteur ebook ont tendance à goinfrer leur machine de livres. Mais quel mal y a-t-il à cela, attendu qu'ils lisent plus ?