Paris, 31/12/09 - La France est devenue un terreau fertile pour l'éclosion de nouveaux talents comiques marocains qui, de la farce à la satire de moeurs, excellent dans l'art de faire rire les Français.
-Par Mokhtar Grioute-
Ces talents comiques, dont certains possèdent désormais une notoriété qui a franchi les frontières, sont au-devant de la scène de l'Hexagone. Il y en a pour tous les goûts, que vous soyez homme, femme, jeune ou moins jeune, ces humoristes visent toutes les couches de la population et abordent tous les thèmes de la société avec plus ou moins de sérieux mais toujours avec légèreté et finesse.
De Jamel Debbouze à Soraya Gari, en passant par Gad El-Maleh, Rachida Khalil, Arié El-Maleh, Booder (Mohamed Benyamna) ou encore Mustapha El-Atrassi, ils font rire encore et encore. Si certains ont su mettre leurs talents de comédiens au service du cinéma, d'autres, par contre, ont préféré l'intimité d'une salle de spectacle ou ont choisi la télévision qui leur a servi de révélateur et d'accélérateur de talents.
Vocation mise à part, le point commun des la majorité de ces humoristes est d'être fils et, puisque la profession tend à se féminiser, fille d'immigrés.
Dans la galerie exubérante de ces talents du rire, il en est deux qui ont réussi à "écraser" tous les autres par leur popularité et leur style : le nouveau "Coluche d'une France black-blanc-beur" Jamal Debbouze, l'un des comédiens les mieux payés de l'Hexagone, et Gad El-Maleh, le plus populaire des humoristes en France.
Révélé par le petit écran, Jamel est devenu en quelques saisons l'artiste comique le plus coté en France. Même si son génie d'improvisateur outrepasse toute forme de communautarisme, l'intenable vedette d'"Astérix et Obélix : mission Cléopâtre" distille à travers ses personnages un subtil dosage entre les clichés entourant les immigrés et leur dynamitage en règle.
Facétieux personnage à allure bédéesque de 1,60 m, il a commencé à faire le clown depuis qu'il était gosse et a été propulsé au rang de star en très peu de temps. Nouveau poulbot du cinéma français au potentiel prometteur, le bouffon de Trappes (région parisienne) colle bien à cette idée de la France réconciliée avec elle-même.
Si nombre de spectacles sont justement inspirés par le pays d'origine, tous ne parviennent pas toutefois à les évoquer sans renforcer certains clichés auxquels on aurait plutô t souhaité qu'ils tordent le cou avec humour. C'est notamment le cas de "La Vie rêvée de Fatna" ou "L'Odyssée de ta race", pièces interprétées par Rachida Khalil.
Si la jeune humoriste marocaine, qui a atterri en France à l'âge de 16 ans, donne une vision stéréotypée de la condition de la femme musulmane sous les latitudes occidentales, Booder (Mohamed Benyamna), quant à lui, fait de la discrimination, sous ses diverses formes, une thématique et un sujet de prédilection.
A travers ses aventures et ses galères, le public découvre l'itinéraire d'un jeune pas comme les autres en évoquant largement dans ses "one man show" 100 pc autobiographiques les difficultés et l'exclusion que l'on rencontre lorsque l'on n'a pas "la bonne adresse, la bonne taille et les bons cheveux".
Dans ses sketches, ce gavroche haut comme décrit les difficultés rencontrées pour décrocher un emploi ou séduire une jeune fille et dénonce au passage la société des "beaux gosses" dans laquelle on vit.
Un autre jeune comique marocain plein d'entrain se trouve désormais sur les traces de ses prédécesseurs et a la "tchatche" des grands humoristes qui ont fait leurs classes dans les cours d'improvisations : Mustapha El Atrassi.
Les coups de griffe d'El-Atrassi, connu au Maroc pour être l'un des personnages principaux du Sitcom "R'bib" après avoir été la révélation de l'émission "15 ans - 15 talents" de la chaîne de télévision "2M", sont ceux d'un grand "charmeur" doté d'une dérision à toute épreuve.
S'affirmant comme l'un des comiques majeurs de sa génération, Gad El Maleh continue, quant à lui, de ravir les spectacles et de s'illustrer en tant qu'acteur aux cô tés de stars du 7-ème art.
Le champion toutes catégories des présentateurs aux Césars comme on le surnomme, a été propulsé au summum grâce notamment à "Chouchou", film aux quatre millions d'entrées, et à son one man show "L'autre, c'est moi", spectacle très physique de près de deux heures qui mêle performance sportive et séance de domptage.
Son frère Arié, qui a découvert le théâtre alors qu'il était encore à l'école Georges Bizet et ensuite au Centre culturel français de Casablanca, décide de s'orienter vers la comédie à 16 ans lors d'une représentation d'"Antigone".
Ayant montré ses talents tant au théâtre, au cinéma qu'à la télévision, le héros de "L'Ecole pour tous" avait confié, dans un entretien à la MAP, que son rêve est de se produire au Maroc avec une pièce ou une comédie qu'il monterait lui-même.
Cette pièce devrait être montée spécialement pour le Maroc qui est "le berceau de ma culture", a-t-il dit, faisant observer qu'il est intéressé par une pièce ou une comédie sur les Casablancais. "Il n'y a pas de mal de clichés casablancais qui sont susceptibles d'être montés", a-t-il ajouté.
La dernière à rejoindre la cour des grands et à montrer l'étendue de son talent n'est autre que Soraya Gari, actuellement en tournée en France avec son one woman show "100 pc Tata Khadija", spectacle drô le et plein d'émotions.
Dans ce spectacle hilarant à l'énergie contagieuse et aux textes aiguisés, Soraya parle des Français issus de l'immigration, leur culture, leur différence et de leur regard vis-à-vis de la Mère-Patrie.
Cocktail entre le Maroc et la France, l'humoriste a joué avec de grands artistes et rencontré de talentueux metteurs en scène avant de présenter son premier spectacle en 2007.
Ces talents issus de l'immigration contribuent largement à l'explosion que connaît le Maroc dans les différentes formes de la créativité culturelle, artistique et musicale.
MAP