Le Royaume de Dieu, l’Eglise, s’étend à toutes les époques et en tout lieu. C’est ce que nous montre la Bible à travers les prophéties qui parlent d’adorateurs qui viennent rendre hommage à Dieu depuis des contrées lointaines : Séba, Saba, Madian, Epha, Baba, Cédar, Tarsis, Nabaioth, l’Arabie, de la mer à la mer, jusqu’aux extrémités de la terre… bref, toutes les directions de la boussole. Des peuples du monde entier viendront se soumettre au règne de Jésus Christ. Saint Paul regroupe ces peuples sous le nom de Gentils (gentiles). Il y a d’un côté les Juifs, le peuple choisi par Dieu qui a donné Jésus au monde, et les Gentils, à qui le Christ a étendu son offre de salut. Cela veut dire tout le monde : aucun peuple n’est exclu de l’expression "les Juifs et les Gentils".
Ce Royaume universel s’étend également à toutes les époques. Saint Paul fait ce lien. Il dit qu’il a reçu la mission de révéler le mystère du salut dans sa totalité. Avant lui, le mystère avait été partiellement révélé au peuple élu d’Israël, dont les origines remontent jusqu’Adam lui-même. Ainsi, le Royaume du Christ s’étend à toute l’histoire de l’humanité. Maintenant, le mystère du Royaume est pleinement révélé, aussi bien aux païens qu’aux juifs. Cela n’inclut pas seulement les civilisations dont saint Paul a eu connaissance, mais toutes les civilisations et toutes les cultures qui ont existé ou qui existeront, depuis le temps de la première venue du Christ jusqu’à sa venue dans la gloire. Ce Royaume, donc, relie le commencement de l’histoire humaine à son achèvement ultime. Le Christ, comme nous le dit l’Apocalypse, est l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin.
La venue des Mages, qui représentent les nations païennes, nous enseigne que le Royaume de Dieu, cette Eglise dont vous et moi, nous sommes membres, s’étend à tous les temps et en tout lieu ; nous sommes citoyens du seul et unique Royaume universel au monde!
Ceci est une des raisons pour lesquelles les tyrans ont toujours détesté l’Eglise catholique. Un tyran veut un contrôle total – nous appelons leur gouvernement un "régime totalitaire". Un tyran ne supporte pas l’Eglise catholique, parce qu’elle est un rappel permanent du fait que le tyran ne contrôle pas tout, ne peut pas tout contrôler. Seul Dieu le peut. Et de la même manière que le roi Hérode a agi avec Jésus, le Roi éternel, les tyrans essaient d’éliminer l’Eglise, le Royaume éternel. Les empereurs romains ont essayé. Les tribus barbares de l’Europe du Nord ont essayé. Les caliphes musulmans du moyen-âge ont essayé. Les révolutionnaires français ont essayé. Napoléon a essayé. Il est allé jusqu’à kidnapper le Pape à deux reprises ! Les Nazis ont essayé; les communistes aussi, en conférant au vingtième siècle l’honneur discutable d’avoir enregistré davantage de martyrs chrétiens qu’aucun autre siècle précédent.
Les Hérode de chaque génération ont convoité le trône que le Christ seul peut occuper, mais l’Eglise continue d’exister, de grandir, de s’étendre. Elle conquiert tous ceux qui veulent la conquérir, maintes et maintes fois.
Un exemple parmi tant d’autres de cette invincibilité de notre foi : saint Maximilien Kolbe, un prêtre franciscain, mort dans un camp de concentration nazi. L’un de ses compagnons d’infortune avait été condamné à mort, alors que cette homme avait une femme et des enfants. Saint Maximilien n’en avait pas. C’est pourquoi il s’est présenté pour prendre la place de ce père de famille. Ce fut le couronnement de tout une succession d’actes désintéressés qu’il avait accomplis tout au long de son incarcération. Même les horreurs de ce camp de concentration n’ont pas pu vaincre sa foi chrétienne. Il célèbre des messes en secret sur des lits superposés en planches de bois bondés. En cachette il entend aussi des confessions en se rendant au travail à travers la boue. Il encourage même les autres hommes condamnés à mort avec lui : quinze jours durant, ils prient, chantent des cantiques dans le bunker où ils meurent de faim. Voilà le Royaume éternel, invincible, universel du Christ. Voilà le Royaume dont nous faisons partie. Voilà l’Eglise.
Chacun de nous doit être comme une étoile: un témoin lumineux et permanent de l’amour du Christ, une invitation aimable mais claire et attirante au Royaume éternel, encourageant les autres à élever leur regard au-delà de ce monde qui passe. Nous sommes citoyens du Royaume du Christ, dans le monde comme ses ambassadeurs.
Tant d’hommes cherchent leur bonheur là où ils ne pourront pas le trouver, dans leur propre petit royaume d’argent, de plaisir, de pouvoir ; dans leur propre réseau de relations humaines, construit sur le sable mouvant d’affections humaines éphémères ; dans leurs espoirs purement terrestres qui viennent et s’évanouissent comme une fumée.
Si vous et moi ne leur montrons pas un Royaume plus élevé, un Royaume éternel, un Royaume qui infusera tous ces espoirs, ces relations et ces activités d’une signification qui ne vieillira jamais, mais qui ne fera que s’améliorer, alors qui le fera ?
Notre exemple, nos paroles, nos actions doivent refléter le Christ. Où pouvez-vous être davantage comme le Christ ? Quelle relation, quelle habitude, quelle activité dans votre vie a besoin d’être transfigurée en ce moment précis, pour que vous puissiez davantage ressembler au Christ ? Vous le savez, et le Saint Esprit le sait. Demandez-lui, durant cette Messe, quand vous recevez la Sainte Communion, de vous montrer quel projet ou quel transformation intérieure vous devriez entreprendre, quelle résolution pour cette année. Et demandez-lui le courage de le mener à bonne fin.
Nous devrions être comme des panneaux publicitaires pour son Royaume. Chacun de nous devrait être comme cette étoile qui a guidé les Mages vers Jésus. Plus de gens que nous pourrions imaginer, des gens qui vivent à nos côtés, sont en train de chercher, et si nous permettons à la lumière du Christ de briller en nous, nous pouvons leur procurer une joie immense.