Le message de Nicolas Sarkozy, à l'occasion des vœux adressés aux Français, tient en un mot : fra-ter-ni-té. Contrairement à Ségolène Royal, le président de la République ne faisait pas son show au Zénith, mais il se laissait filmer dans son bureau de l'Elysée. Et il y allait de bon cœur : « Se respecter » « ne pas blesser l'autre »… Comment peut-il tenir un tel langage et être crédible ?
Nicolas Sarkoy est l'homme de la rupture. Sur le plan social et économique, il est celui qui a inventé le bouclier fiscal, un bouclier qui protège les grandes fortunes et les hauts revenus. Sur le plan sociétal, il est celui qui oppose les vieux et les jeunes, « ceux qui se lèvent tôt » et les sans emplois, ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien. Il est la caricature de l'opportuniste, changeant de discours au fil des mois et des démentis. Il est l'homme du Karcher, du « casse toi pov con » et il ose demander aux Français de se respecter, de ne pas se blesser. Fadaises que tout cela.
Prenons l'exemple du débat sur l'identité nationale. Il avait demandé à ses ministres « du gros rouge qui tache » pour pomper à nouveau les voix des électeurs du Front national lors des régionales. Face au fiasco du débat devenu un discours contre l'Islam, face à la levée de boucliers (pas fiscaux ceux-là) dans les rangs de la Gauche mais aussi dans ceux de la Droite, il a totalement oublié d'évoquer l'avenir de M. Besson lors de son intervention. A la poubelle de l'histoire ce débat qui devait assurer un joli matelas de voix aux régionales et s'est finalement transformé en machine infernale et (peut-être) en bombe à retardement !
Prenons encore l'exemple de la taxe carbone. Alors que des voix autorisées énuméraient les pièges et les insuffisances de la loi (très inégalitaire elle aussi) le Conseil constitutionnel demande au gouvernement de réécrire l'intégralité de son texte. Pour couronner le tout, et dans le même temps, le Conseil d'Etat annule deux dispositions de la loi sur le fichier des étrangers ! Heureusement, certains sont là pour rappeler l'existence d'un état de droit. Demander du respect c'est d'abord respecter les procédures législatives et la constitution. Pour être respecté, on doit être respectable.
Toutes ces bavures, toutes ces erreurs ont des explications : précipitation, absence de scrupules, culte de la personnalité et politique injuste. Qui dit rupture dit fracture, division, clivage. Pour ces raisons, le discours du président ne pouvait que sonner faux. Parce qu'il chante faux.