De cette existence gâchée, Maurice Sachs a pourtant tiré avant sa mort un chef-d'œuvre autobiographique. Le Sabbat.
Ce livre est un régal pour les amateurs d'anecdotes et de name dropping. Jacques Bizet, le fils du musicien et de madame Straus, chez qui Proust avait fait ses débuts dans le monde. Cocteau et Gide que Sachs a essayé de séduire, Maritain qui l'a converti au catholicisme. Max Jacob. Tous ceux qui fréquentaient en leur temps Montmartre, Montparnasse, la Nouvelle Revue Française, le Boeuf-sur-le-Toit.
Et puis quelle confession ! Quelle sincérité ! Quelle intelligence claire et englobante, quelle lucidité dans la description des facettes d'une personnalité si complexe, d'une nature si malléable !
Bien sûr, ce premier de classe extrêmement doué s'abandonne aux influences formelles, vise parfois à l'effet. Une caractéristique qui le rend frère de la création littéraire contemporaine ! D'ailleurs les années que nous vivons, inquiètes, fluctuantes, fascinées par la relativité des valeurs, par les compromissions et par les marginalités, devraient l'ériger en maître.