A fin janvier, Ségolène Royal disposera d'une visibilité assez forte pour identifier les conditions de son rebond sur la scène nationale via les élections régionales.
En effet, le mois de janvier est classiquement un mois décisif dans un calendrier électoral.
4 facteurs contribuent à cette situation.
Tout d'abord, c'est le mois qui ponctue la première sélection. Pour le plus grand nombre de citoyens, la période préalable est d'abord une période de confusion et d'incertitude. Multiplication des candidats, des déclarations, des effets d'annonces…: tous ces éléments entraînent une certaine circonspection. En revanche, en janvier, le jeu se clarifie enfin dans un cadre quasi-officiel.
Ensuite, au même moment, interviennent les clarifications de candidatures comme des contenus permettant d'identifier les vraies priorités. A chaque nom peuvent alors être accolés la promesse d'offre, le message dominant. Le nom du candidat change de dimension et devient une marque avec une promesse de contenu.
Puis, troisième facteur, si la clarification positive intervient, il en est de même des choix en matière de campagne négative. Les reproches ont été sélectionnés pour n'en retenir que les deux ou trois majeurs qui peuvent altérer efficacement l'offre concurrente.
Enfin, dans ce contexte, l'opinion commence à se positionner. Si la promesse de contenu adhère et emporte sur son passage les critiques des autres camps, la tendance à la hausse se dégage et généralement s'amplifiera avec une sorte de phénomène technique auto-entretenu de victoire courant vers la victoire.
A l'inverse, si les critiques dominent la promesse de contenu, la tendance à la chute est amorcée.
Depuis 1981, toutes les présidentielles ont connu le tournant de janvier à mi-février au plus tard. Il en est de même pour les élections locales quand elles se déroulent en mars. C'est à cette période que s'ancrent les tendances principales.
Ce mois est alors un concentré de messages et le moment où l'opinion s'inscrit réellement dans son calendrier de citoyens appelés à faire la décision.
Pour Ségolène Royal, elle peut compter sur un matelas : le "courant des survivants".
Face à la crise, bon nombre de citoyens se considèrent d'abord des survivants, harcelés par des épreuves multiples, sans cesse en attente de la prochaine. Dans des entretiens qualitatifs, cette connotation ressort de plus en plus avec l'estime de la "résistance", de la tenacité.
Leur sort est assez proche de celui de Ségolène Royal à qui aucune épreuve n'est épargnée. Cette communauté de sorts dans l'épreuve peut devenir un ciment moral à ne pas négliger. Ce qui est sûr c'est que les pro-Royal sont plus mobilisés que jamais. La mobilisation ne garantit certes jamais la victoire mais sans mobilisation l'échec est toujours assuré.
Probablement jamais l'enjeu d'une région n'est aussi lourd de conséquences pour une échéance nationale. Car au lendemain d'une belle victoire régionale, cette logique de la "survivante inaltérable" devrait lui valoir une large estime populaire comme toujours quand le suffrage universel direct s'est imposé contre les "estimations élitistes".